Ils sont nombreux, en cette matinée du 11 mars 2024, à venir en masse pour être enrôlés afin d'obtenir leur carte d'accès au Centre des oeuvres universitaires de Dakar (Coud). Une sorte de sésame pour avoir accès au Campus social, aux restaurants, au service médico-social de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).
Rien n'est plus comme avant à l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad). Les évènements de juin 2023 ont marqué un tournant décisif, notamment, dans le fonctionnement du Campus social. Maintenant, seuls les étudiants inscrits et le personnel du Centre des oeuvres universitaires de Dakar (Coud) ayant été enrôlés ont le droit d'accéder au Campus social et de bénéficier des services sociaux tels que les logements, la restauration, les soins médicaux, les bourses sociales, etc. « L'enrôlement est un dispositif de sécurité qui vient renforcer la sécurité au Campus social.
En fait, ces dernières années, on voyait à l'Ucad des non-étudiants qui logeaient au Campus social. Or, ce sont des choses qui ne sont pas à entretenir au sein de l'Université. C'est pourquoi les responsables du Centre des oeuvres universitaires de Dakar (Coud) ont décidé de relancer ce processus d'enrôlement qui existait jusqu'en 2001 », explique Cheikh Atab Sagna, étudiant en Master 1 en chirurgie dentaire et membre de l'Amicale des étudiants de la Faculté de Médicine.
Trouvé sur place avec les autres responsables de l'Amicale, ce jeune étudiant et ses camarades orientent leurs camarades pour que l'enrôlement se passe dans les meilleures conditions. Ils surveillent scrupuleusement les entrées et les sorties des conteneurs bien aménagés pour servir de locaux d'enrôlement des étudiants dans cette Faculté. Un rideau épais de couleur marron, placé à l'entrée, ne laisse rien apparaître sur le déroulement du processus.
Les étudiants, sur une file kilométrique, que l'on voit dès l'entrée de la Faculté, entrent à l'intérieur un en un, suivant leur ordre d'arrivée. À l'intérieur, le conteneur est divisé en deux parties. Dans chacune, un homme devant sa machine, se charge de prendre en photo les étudiants et d'enregistrer leurs empreintes digitales, à l'image du processus de confection de la carte d'identité nationale ou du passeport.
« Cet enrôlement permettra à l'étudiant inscrit d'avoir une carte Coud qui lui permettra d'accéder aux services sociaux de l'université, à savoir le Campus social, les restaurants, le Service médico-social de l'Ucad. Pour être enrôlé, l'étudiant se présente au Campus pédagogique qui sert de lieu d'enrôlement, muni de son certificat d'inscription, de sa carte d'étudiant et de sa carte d'identité nationale », renchérit Atab Sagna.
Cependant, pour le restaurant, notre interlocuteur précise que dès qu'on a la carte et qu'on prend un déjeuner dans un restaurant, on ne pourra pas accéder à un autre restaurant au sein du campus pour prendre le même repas. La carte va le signaler. Convoqués en tant que responsables d'étudiants par le Coud pour assister à ce processus, Atab renseigne qu'à la Faculté de Médecine, ils commencent à 9h et terminent à 17 heures. « Pour notre Faculté, tous les étudiants sont enrôlés. Il n'y a que les étudiants de la Faculté des Lettres qui sont là. Vu que nous sommes moins nombreux en termes d'effectif par rapport aux autres, nous avons décidé de les aider pour qu'ils puissent être enrôlés dans les meilleurs délais », fait savoir le jeune étudiant en chirurgie dentaire.
Environ 30.000 étudiants déjà enrôlés
De l'autre côté de l'Ucad, Antoine Tony Diatta, Secrétaire général de l'Amicale des étudiants de la Faculté des Sciences juridiques et politiques (Fac Droit), nous accueille dans le hall d'entrée. Très occupé par les enrôlements, il est interpellé de temps à autre par ses camarades qui viennent d'arriver. « Excuse-moi, vous avez déjà dépassé les numéros 161 et 162 ?», questionnent deux jeunes étudiantes. « Oui. Vous étiez où ?», leur demande à nouveau une autre étudiante chargée de veiller à la porte de l'une des salles de cours.
« Les évènements du 1er juin ont mis en évidence les failles du système de sécurité de notre université. C'est ce qui justifie cette décision. Ici, les enrôlements se passent du lundi au vendredi, de 8 heures à 17 heures. Mais, l'enrôlement n'a aucun rapport avec les codifications. C'est pour filtrer les entrées. Pour codification, on n'a pas encore démarré à la Faculté de Droit. Parce que les listes ne sont pas encore disponibles », dit Antoine.
Président de la Commission sociale des écoles et instituts de l'Ucad et membre du Collectif des Amicales de l'Ucad, Mbaye Thiam est entre l'enclume de l'enrôlement et le marteau des codifications. Son téléphone ne cesse de sonner. Selon lui, la semaine dernière, ils étaient à environ 30.000 étudiants enrôlés sur un total 93.700 étudiants. « Mais, vu qu'on a doublé les machines, on espère avoir les 60 % cette semaine. L'enrôlement va durer 30 jours. Après cette période, il y aura une équipe sur place pour combler le gab. Les cartes sont disponibles durant cette semaine. Vingt équipes sont déployées pour l'enrôlement des étudiants, réparties sur 16 sites pour 5 facultés en plus des écoles et instituts », note-t-il.
Principaux concernés par cette mesure, les étudiants saluent l'initiative et la trouvent même légitime. « L'enrôlement, je l'apprécie comme tout étudiant qui veut évoluer dans un climat de sécurité. Nous ne voulons pas participer à la destruction du campus du savoir. Si ce processus peut donc renforcer la sécurité, nous ne pouvons que l'apprécier.
C'est une bonne initiative. J'ai quitté Diourbel ce matin pour les enrôlements et je dois y retourner à 15 h si c'est possible. Actuellement, je suis sur la liste d'attente », témoigne Mamadou Diop, étudiant en première année de Science politique. Assise dans le jardin, Marième Tamba, étudiante en Licence 2 à la Faculté de Droit, attend également son tour pour être enrôlée. Son fascicule à la main, elle lit ses cours. Interpellée sur la question, elle répond d'un air timide : « c'est une très bonne mesure. Avec ce qui s'est passé en juin 2023, je pense que c'est la meilleure chose. C'est une bonne initiative de renforcer la sécurité au sein du campus ».