La présidente du Tribunal criminel spécial (TCS), Annie Noëlle Bahounoui Batende, se retrouve dans une impasse alors que les enquêtes sur les détournements de la fortune publique restent bloquées, laissant les magistrats dans une situation d'impuissance.
Les dossiers sont en attente, les enquêtes patinent, et les auditions des principaux suspects ne se déroulent plus. Depuis des mois, la présidente du TCS a sollicité l'audition de nombreux directeurs généraux de sociétés publiques et même des membres du gouvernement en fonction, mais en vain. Les requêtes sont restées sans réponse, enterrées au secrétariat général de la présidence de la République, dirigé par Ferdinand Ngoh Ngoh.
Pourtant, d'importantes enquêtes sont en suspens : l'affaire PORTSEC avec le directeur général du Port Autonome de Douala ; les détournements de fonds à CAMTEL impliquant l'actuelle directrice générale, Judith Yah Sunday ; l'affaire des 55 ponts métalliques impliquant le ministre des Travaux Publics, Nganou Djoumessi, ainsi que l'enquête sur les détournements des fonds COVID-19.
La tension atteint son paroxysme avec l'enquête sur les fonds COVID-19, déclenchant une véritable guerre entre le TCS et Ferdinand Ngoh Ngoh. Suite au refus de ce dernier de se rendre aux auditions malgré l'accord de Paul Biya, un mandat d'amener avait été délivré contre lui en octobre 2022 par les magistrats du TCS. Cependant, sous l'intervention de la première dame Chantal Biya, Paul Biya a demandé la non-exécution de ce mandat, laissant le dossier COVID-19 momentanément enterré.
Cette situation est aggravée par le fait que Ferdinand Ngoh Ngoh, en fonction depuis près de 13 ans, a nommé une grande partie de l'actuel gouvernement et des directeurs généraux des sociétés d'État, consolidant ainsi son influence et sa position. Les magistrats du TCS se retrouvent ainsi pratiquement sans pouvoir, tandis que Ferdinand Ngoh Ngoh semble protéger les intérêts des suspects, au détriment de la justice et de la fortune publique.