Au Mali, le marabout Komani Tanapo a été enterré mardi 19 mars dans l'après-midi dans son village de Koui, dans la région de Ségou, au centre du pays. Connu pour son implication dans la signature d'accords intercommunautaires locaux, il avait été arrêté le 25 février dernier par l'armée malienne et ses supplétifs russes du groupe Wagner. Accusé de collaborer avec les jihadistes du Jnim, liés à al-Qaïda, il est mort en détention. L'armée a ramené son corps, par hélicoptère, dans son village.
Le marabout Komani Tanapo était connu pour son soutien, matériel et financier, aux chasseurs traditionnels dozos, en lutte contre les jihadistes du Jnim (Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans). Il avait aussi été un médiateur clef dans la signature de nombreux accords de paix locaux au Mali, dits « intercommunautaires », dans le Macina, en 2019, et à Niono, en 2021.
Aucun motif officiel n'avait été donné lors de son arrestation dans son village, avec 22 de ses collaborateurs, il y a près d'un mois - le 25 février 2024 -, par des militaires maliens et des mercenaires de Wagner. « On a trouvé chez lui une grande quantité d'armes et de motos, indique à RFI une source sécuritaire malienne. Il fournissait le Jnim, on a des écoutes téléphoniques. »
Mort en détention
Cette source confirme également les informations transmises à RFI par plusieurs de ses proches : le marabout est mort en détention dans le camp militaire de Bapho, près de Ségou, dans le centre du pays, suite aux tortures infligées par les soldats maliens et leurs supplétifs russes.
« C'est un assassinat », estime un proche du marabout. « Les conditions de détention sont rudes », euphémise la source sécuritaire malienne, qui ajoute, en forme de justification : « Il a travaillé avec l'armée et avec les chasseurs dozos, mais récemment il était avec les terroristes. »
Plusieurs personnes ayant travaillé avec le marabout Komani Tanapo, pour ramener la paix dans les villages du centre du Mali, expliquent ne pas croire à ces accusations. Certains se disent dévastés par sa mort. Les 22 personnes arrêtées à ses côtés seraient toujours détenues dans les camps militaires de Ségou et de Bapho.
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