Les obsèques de l'ex-ministre des Transports et député national retrouvé mort dans des circonstances, pour le moins troubles, ont donné l'occasion au Cardinal de Kinshasa, Fridolin Ambongo, de dresser un sévère réquisitoire contre la Justice congolaise.
En effet, tout en mettant en doute les conclusions de l'enquête menée par le Parquet général sur la mort de Chérubin Okendé, puisque c'est de lui qu'il s'agit, le prélat s'interroge sur la possibilité qu'un homme aussi engagé et impliqué dans la vie politique de son pays, puisse se suicider de manière aussi tragique qu'étrange. Toute chose qui interroge sur la capacité et l'efficacité de la Justice congolaise à protéger les droits des citoyens.
Ce d'autant qu'en plus du Cardinal Ambongo, connu pour n'avoir pas sa langue dans la poche, ils sont nombreux les Congolais qui doutent de la sincérité des conclusions de l'enquête sur la mort du député Okendé. Certains, visiblement dépités et agacés, n'hésitent pas à dire que les conclusions des enquêtes judiciaires n'engagent que ceux qui y croient.
Preuve, s'il en est, d'une extrême méfiance entre les justiciables et la Justice congolaise accusée d'être à la solde du prince régnant. D'où la nécessité pour cette dernière de travailler à opérer sa mue pour autant qu'elle souhaite être en phase avec les aspirations du peuple. Car, si elle est libre et équitable, la Justice constitue un pilier de l'Etat de droit qui garantit et protège les droits fondamentaux des uns et des autres.
En s'opposant au retour de la peine de mort en RDC, le Cardinal Ambongo est dans son rôle
C'est, du reste, pourquoi on comprend le cri de détresse du prélat congolais qui, en plus des préoccupations liées aux circonstances qui entourent la mort de Chérubin Okendé, déplore le retour de la peine de mort dans le corpus pénal congolais. Si le pouvoir congolais y voit une manière de dissuader « les traitres de la nation », le Cardinal, quant à lui, estime que cela pose des questions éthiques et morales.
En tout cas, pour ce dernier, la levée du moratoire sur la peine de mort en République démocratique du Congo (RDC), n'est ni plus ni moins qu'une « atteinte à la dignité humaine ». Il n'a peut-être pas tort. Car, il faut craindre, dans les jours à venir, des dérives liées à l'application de la peine capitale en RDC. Surtout au regard du contexte sécuritaire délétère qui prévaut dans le Nord-Kivu. En tout cas, les hommes politiques étant ce qu'ils sont, le président Félix Tshisékédi pourrait faire chanter certains de ses opposants en brandissant comme un épouvantail une telle sanction suprême.
Ce n'est pas impossible. Puisqu'en l'espèce, il suffit seulement d'accuser tel ou tel d'entre eux d'avoir trahi la nation, pour pouvoir lui faire la peau. En tout cas, en s'opposant au retour de la peine de mort en RDC, le Cardinal Ambongo est dans son rôle. Car, pour l'Eglise, la vie humaine étant sacrée, personne ne peut et ne doit l'ôter à autrui pour quelque raison que ce soit.
B.O