Afrique de l'Ouest: Afflux massif de réfugiés burkinabè au Mali - Une situation qui doit interpeller !

L'information émane du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Depuis le mois de décembre, le Mali voisin fait face à une arrivée massive de réfugiés burkinabè.

Selon les chiffres avancés, l'on estime à 40 000 le nombre de personnes ayant fui le territoire burkinabè et notamment les provinces du Soum et du Yatenga dans la région du Nord et la province de la Léraba dans la région des Cascades. Selon toujours les données fournies par l'agence onusienne, les migrations se font à un rythme journalier de 500 nouveaux arrivants au Mali, notamment à Koro. Quelles sont les causes de ces départs massifs des populations vers le pays voisin ? Telle est la question que l'on peut se poser.

Pour ce qui est des causes, les informations recueillies auprès des réfugiés, avancent essentiellement des raisons sécuritaires. Les témoignages font cas de massacres perpétrés dans leurs villages d'origine, contraignant les rescapés à des départs précipités, pratiquement par instinct de survie. En faisant un rapprochement entre ces témoignages et l'actualité sécuritaire au Burkina Faso, il y a certainement un lien de cause à effet.

Le combat pour la liberté est aussi celui de la dignité

En effet, des communiqués émanant des autorités judiciaires au Burkina Faso, ont régulièrement fait cas de massacres de populations dans la région du Nord sans pour autant préciser les auteurs de ces crimes. Mais l'on sait que les Groupes armés terroristes (GAT) y harcellent les populations et la pression s'est accentuée avec des actions de représailles depuis que l'armée burkinabè a intensifié les combats dans cette région tourmentée du Nord dans le cadre de la reconquête du territoire national.

Certaines sources, sans pouvoir en apporter les preuves, ont aussi incriminé les forces combattantes du Burkina Faso dans ces massacres. Mais les autorités burkinabè s'en sont toujours défendues et ont même ouvert des enquêtes pour faire la lumière sur ces crimes de masse contre les populations civiles avec la volonté affichée de punir les coupables s'il est avéré que des brebis galeuses se nichent dans les rangs de l'armée.

Cela dit, sans qu'elles n'aient été forcément touchées par des actes de violences, les populations peuvent être poussées sur les chemins de l'exil soit par la peur, soit en raison des complicités qu'elles ont entretenues avec les GAT, soit par peur des retours vengeurs des terroristes. A cela, l'on peut ajouter les conditions de vie devenues intenables dans ces zones sous blocus et qui ne survivent que grâce aux convois de ravitaillement de l'armée ou de l'aide humanitaire. Cela dit, l'on peut s'étonner que la province de la Léraba soit aussi indexée comme zone de départ des réfugiés.

Car, même si la région des Cascades est affectée par la crise sécuritaire, la ville de Sindou et sa circonscription administrative demeurent des enclaves jusque-là inviolées par les GAT. C'est donc, pour l'instant, un ilot de sécurité sauf à penser que c'est une zone de transit vers le Mali frontalier pour des populations venant de la partie Est de la Comoé voisine.

Le pays d'accueil est confronté aux mêmes difficultés que le pays de départ

Mais quelles que soient les causes de ces départs forcés des populations, la situation doit interpeller. Elle interpelle, en premier lieu, le gouvernement qui a le devoir de protéger les populations. C'est pourquoi, tout en saluant les efforts énormes consentis dans la reconquête du territoire national et le sacrifice des Forces de défense et de la sécurité (FDS), l'Etat est invité à conjuguer, avec diligence, la libération des zones jadis sous occupation terroriste à la réinstallation des populations dans leurs localités d'origine.

Car, il faut le dire, le combat pour la liberté est aussi et surtout celui de la dignité et nul ne peut être digne dans les conditions misérables de vie de réfugiés. Surtout que, dans le cas d'espèce, le pays d'accueil est confronté aux mêmes difficultés que le pays de départ. Si l'on s'en tient aux témoignages des responsables des villes d'accueil des réfugiés, si des efforts sont consentis, ils sont loin de satisfaire les besoins énormes des arrivants, du point de vue de l'hébergement, de l'alimentation et de la santé.

Mais au-delà du gouvernement du Burkina Faso, cette situation doit aussi interpeller la communauté internationale qui semble oublier la crise humanitaire au Sahel. Certaines ONG ne cessent de le rappeler. La crise au Sahel semble oubliée par les grandes puissances mondiales qui, pourtant, vont rivaliser de générosité dans une crise récente comme celle de Gaza, consécutive au conflit meurtrier entre Israël et la Palestine.

Il est donc temps que le Sahel mobilise aussi les ressources à l'international pour une sortie rapide de la situation dramatique qui s'y est installée. Mais avant que toute cette dynamique ne se mette en branle, il faut saluer l'hospitalité des populations soeurs du Mali qui mettent en oeuvre la pratique légendaire du « djatiguiya » en offrant gite et couvert à leurs frères et soeurs burkinabè.

C'est d'ailleurs un juste retour d'ascenseur. Car, il y a quelques années, le Burkina était la principale terre d'accueil des populations maliennes qui fuyaient les combats entre les Forces armées maliennes (FAMa) et les groupes rebelles du Nord. Mais c'est surtout un acte de solidarité dans le nouvel espace de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) qui se met en place pour faire face aux défis communs.

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