L'Église catholique prévoit qu'à partir du 5ème dimanche de Carême, les églises revêtent un air solennel et mystérieux, avec le voilement des croix et des statues de saints.
Cette tradition liturgique, selon abbé Roger Gomis de l'archidiocèse de Dakar, remonte aux premiers siècles du christianisme et est malheureusement peu connue, voire méconnue au Sénégal. Pourtant, derrière ce geste que le prêtre estime être désormais laissé à l'attention des Conférences épiscopales, se cache un profond mystère qu'il nous faut redécouvrir. Enseignement !
«Cette tradition, évoquée dans la lettre « De festis paschalibus » de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des Sacrements de 1988, est une invitation à entrer pleinement dans le temps de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ. Marquant une étape distincte et profondément contemplative sur notre chemin vers Pâques.
Dès le cinquième dimanche de Carême, nos églises adoptent une posture de recueillement visuel par le voilement des croix et des statues. Ces voiles, traditionnellement de couleur violette, ne sont pas seulement un signe de deuil et de pénitence, mais aussi un rappel puissant de l'approche de la Passion du Christ. L'Église va désormais vivre, jusqu'au Vendredi Saint, au rythme de la Passion, invitant les fidèles à s'unir plus étroitement aux souffrances de Christ, pour mieux partager ensuite sa joie dans la Résurrection.
Croix et statues seront voilés, même les images de la Vierge Marie et on ne doit plus mettre un cierge. Le but est de concentrer notre esprit sur les souffrances de l'Innocent, pour exprimer notre affliction, car l'Époux de l'Église, le Christ, vivra bientôt ses dernières heures avant d'être livré aux bourreaux, jugé, condamné et crucifié. En recouvrant la Croix d'un voile opaque, l'Église pleure son Bien-Aimé qui s'apprête à connaître les pires tourments.
C'est à ce titre que l'Église renonce temporairement à tout autre culte et dévotion pour ne porter davantage son attention que sur le mystère de la Passion qui se déroule. Plus aucune image de sainteté ne viendra détourner notre méditation des événements dramatiques qui se préparent : trahison, reniement, flagellation, agonie au Jardin des Oliviers, condamnation injuste...
Les autels seront également dépouillés de leurs décorations florales. Car nos églises devront garder une atmosphère propre à nous faire compatir à la terrible souffrance que le Christ va endurer par amour pour nous.
Alors chers amis, pendant ces jours décisifs qui nous mèneront de la Passion et de la mort du Christ au matin de Pâques, laissons nos coeurs être vraiment saisis par la gravité du mystère que nous commémorons. Contemplons, avec un profond recueillement, l'amour infini d'un Dieu fait chair qui accepte la condition humaine jusqu'à l'extrême, pour nous racheter.
Puis, lorsque retentira l'acclamation liturgique du Vendredi Saint «Voici le bois de la Croix qui a porté le salut du monde !», que cette croix réapparaissant dans sa gloire nous remplisse d'une joie intense et des grâces de toutes sortes ! Car c'est bien par ce bois, instrument de supplice, que le Christ a définitivement vaincu les puissances du mal et de la mort.
Ouvrons durant toute cette période nos âmes à la profondeur insondable du mystère pascal. Puissions-nous vivre intensément la commémoration annuelle de la Passion du Seigneur, pour mieux goûter aux fruits de sa Résurrection glorieuse ! C'est là que se trouve notre salut et notre espérance d'une vie éternelle auprès de Dieu.»