Afrique de l'Ouest: Drogue - Le trafic et la consommation de tramadol ne faiblissent pas dans la région

Substance opioïde proche de la morphine, elle sert normalement d'anti-douleur, mais à forte dose, elle devient addictive. Sur le continent africain, le tramadol se répand de plus en plus et pose de véritables problèmes de santé publique dans de nombreuses villes. Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, la consommation de cet opioïde en Afrique de l'ouest est supérieure à la moyenne mondiale.

C'est à partir des années 2000 que le tramadol commence à se répandre en Afrique de l'ouest avec la multiplication des réseaux de distribution des produits pharmaceutiques dans les villes et les villages.

Généralement prescrit en cas de forte douleur ou après une opération chirurgicale, cet opioïde est surtout réputé pour augmenter la capacité de travail et résister plus longtemps à l'effort physique.

L'Ivoirien Mathieu Hié est chef de projet du programme de réduction des risques chez les usagers de drogues chez Médecins du monde : « Dans certaines pathologies, il arrive que l'on prescrive du tramadol à certaines personnes pour certaines douleurs que ces personnes pourraient avoir. Cela fait qu'il y a un effet addictif qui s'installe. Et lorsque les prescriptions ne sont pas suivies par un professionnel de santé, elles peuvent conduire une addiction. »

Une drogue prisée par les classes moyennes émergentes et les métiers pénibles

Bien que légal comme médicament, le tramadol est devenu une véritable drogue pour toute une masse de consommateurs africains issus de tous milieux sociaux. En témoigne les saisies records dans plusieurs pays d'Afrique de l'ouest, le long du golfe de Guinée jusqu'au milieu du Sahel.

D'après l'ONUDC, entre 2017 et 2021, 97 % des saisies de tramadol au niveau mondial sont survenues dans la région, principalement au Nigeria, au Bénin et en Côte d'Ivoire.

Et la tendance de la consommation de tramadol semble se maintenir en Afrique de l'ouest. Les saisies sont toujours aussi importantes, comme l'explique Dr Amado Philip de Andrés, représentant de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, pour l'Afrique de l'ouest et du centre.

En 2022, il y a eu des saisies significatives de tramadol, comme les 43 tonnes au Nigeria et les 12 tonnes au Bénin. On continue à avoir les mêmes chiffres en 2022-2023 [qu'au cours des années précédentes]. Entre 2017 et 2021, on voit une classe moyenne qui augmente au Sénégal, au Togo, au Bénin, en Côte d'Ivoire, Burkina, Mauritanie. pour les réseaux criminels, les hommes et les femmes de ces classes moyennes peuvent représenter des consommateurs stables. Les femmes sont très touchées. Il y a des communautés spécifiques qui sont confrontées à des conditions de travail exigeantes : les berges, les agriculteurs, les chauffeurs, les commerçants itinérants, les travailleurs du secteur aquifère sont des professions à la vulnérabilité accrue [...] Il faut soutenir les États pour qu'ils aient des traitements de substitution à la métadone. Il faut impérativement considérer les problèmes liés à l'usage des drogues comme un problème de santé publique et pas comme un comportement criminel. Cela veut dire dépénaliser la consommation de drogues.

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