Tunisie: Émission imminente de «Green Bonds» - La Tunisie se tourne vers les financements verts

22 Mars 2024

Le pays se prépare à sa première sortie en green bonds pour financer des projets verts. Et c'est la CDC qui s'est acquittée de cette mission.

Une obligation verte, connue aussi sous le nom d'obligation environnementale ou obligation durable, est un type spécifique d'obligation. Cette dernière peut être émise par une entreprise ou par une entité gouvernementale, dans le but de financer des projets verts ayant un impact positif sur l'environnement.

Ces obligations servent exclusivement à financer des projets durables, tels que des investissements dans les énergies renouvelables, la gestion des déchets, ou d'autres initiatives visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone.

Un marché en plein essor

Depuis quelques années, le marché mondial des obligations vertes n'a pas cessé de gagner en popularité auprès des investisseurs, et ce, pour plusieurs raisons. C'est essentiellement un marché obligataire qui garantit un niveau accru de transparence et où les taux d'intérêt sont aujourd'hui au plus haut depuis 10 ans.

Selon «Axa Investment Manager», le marché des obligations vertes a été estimé, à fin juillet 2023, à près de 1.400 milliards de dollars, avec plus de 700 émetteurs distincts répartis entre entreprises, banques et Etats. Sur l'année 2023, les émissions vertes ont atteint plus de 285 milliards de dollars, avec plus de 60 nouveaux émetteurs.

%

C'est dire que c'est un marché en plein boom dont la Tunisie et les entreprises tunisiennes peuvent tirer pleinement parti, pour financer des projets structurants verts.

D'ailleurs, c'est dans ce cadre que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) se prépare à la première sortie en «Green Bonds» pour financer des projets d'une certaine taille. La Caisse est en train de construire le «pipe» des projets qui nécessitent une certaine maturité. Une étude de prospection pour une émission d'obligations vertes en Tunisie a été réalisée à cet effet et dont les résultats ont été dévoilés, récemment, à Tunis.

En réalité, l'idée de ce projet est née à la suite de la publication, en 2021, d'un rapport qui a identifié les freins au financement des projets d'énergies renouvelables sous le régime des autorisations. Un document qui a été élaboré en partenariat entre le ministère de l'Industrie et des Mines et la Banque mondiale. Ce rapport constate que l'offre de financement classique par crédit bancaire est insuffisante pour couvrir les besoins de financement du secteur des énergies renouvelables, notamment en termes de gestion de risques, d'horizon et de volume. Ce constat a conduit à la recommandation de développer des mécanismes et des instruments de financement spécifiques. Parmi ces instruments, la levée de fonds via des green bonds serait une alternative pertinente.

Mettre en place le cadre référentiel

Aujourd'hui, puiser dans les financements verts constitue une solution indéniable pour atteindre les objectifs que la Tunisie s'est fixés en matière d'adaptation, mais aussi d'atténuation des effets du changement climatique. Car, rappelons-le, les besoins en financement nécessaire pour mettre en oeuvre la Contribution nationale déterminée (CDN) de la Tunisie sur la période 2021-2030, sont estimés à plus de 19,4 milliards de dollars.

Une somme conséquente qui ne peut être mobilisée uniquement à travers les mécanismes de financement classiques. L'étude vise, donc, d'un côté à évaluer la maturité du marché d'investissement vert en Tunisie pour une éventuelle émission d'obligations vertes et de l'autre, à identifier les prérequis pour ce faire et ainsi mettre en place le référentiel «Green Bond Framework» qui constitue l'ensemble des directives et des procédures établies pour la gestion et l'émission d'obligations vertes, tout en assurant la transparence, la crédibilité et l'intégrité de ces obligations.

L'étude a permis d'identifier les obstacles face à la réalisation des projets verts en Tunisie. Il s'agit, notamment du manque de compétences en matière d'évaluation de projets verts par le secteur financier ainsi que d'une offre de financement peu adaptée aux spécificités de ces projets-là avec des exigences en autofinancement et garanties réelles contraignantes. C'est ainsi que l'étude recommande de mettre en place des mécanismes financiers adaptés aux spécificités des projets verts, tout en offrant l'accompagnement nécessaire aux opérateurs économiques qui souhaitent réussir leur transition écologique.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.