Mahammed Boun Abdallah Dionne a été un fidèle serviteur de Macky Sall. L'ancien Premier ministre qui a même battu le record de longévité à la station primatoriale (6 juillet 2014-14 mai 2019 ; soit 4 ans, 10 mois et 8 jours) aimait se faire appeler «Baye Fall de Macky». Il lui obéissait au doigt et à l'oeil. Dionne remplissait pleinement et entièrement son rôle de fusible. Leurs relations étaient tellement «profondes» que certains avaient même théorisé un scénario à la Poutine-Medvedev à l'époque où le Chef de l'Etat chercherait des voies et des moyens de conservation de pouvoir à défaut de pouvoir faire passer l'amère pilule du troisième mandat.
Ce, grâce à un fruit d'une longue collaboration qui remonte en 2005. Nommé Premier ministre, Macky Sall le désigne comme Directeur de Cabinet de 2005 à 2007. Il l'accompagnera aussi à l'Assemblée nationale (2007-2008). Après la fameuse loi Sada Ndiaye, il quitte l'administration sénégalaise pour rejoindre l'ONUDI en qualité de représentant en Algérie jusqu'en décembre 2010. Alors que ces contempteurs lui reprochent d'avoir abandonné le Macky lors de la période dite de «vaches maigres», le Chef de l'Etat, élu président de la République, fait à nouveau appel à lui.
En juillet 2014, il remplace Aminata Touré au poste de Premier ministre. En plus de la charge du travail, il monte au front et fait feu de tout bois. Il n'épargne aucun détracteur de Macky Sall surtout sur certains sujets brûlants notamment les fameux contrats pétroliers et gaziers, le coût de la vie, les grèves des syndicats. Boun Abdallah aura même le temps de répondre aux pamphlets publiés sur certains médias étrangers.
Revigoré par ses victoires électorales en tant que tête de liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar notamment lors des Législatives de 2017 où il a remporté 125 sièges sur les 165 que compte l'Assemblée nationale, mais aussi la réélection de son mentor dès le premier tour en 2019, Mahammed Boun Abdallah Dionne bombe le torse. Il venait à réaliser le même parcours que Macky Sall quand ce dernier était le lieutenant de Maitre Abdoulaye Wade.
Mais contre toute attente, en avril 2019, le président de la République engage une nouvelle réforme constitutionnelle dont la principale conséquence a été la suppression du poste de Premier ministre le 14 mai 2019. Mais Dionne reste toujours au Palais, auprès de son «ami» en tant que ministre d'Etat, secrétaire général de la Présidence de la République (6 avril 2019 au 1er novembre 2020). Soit un an, 6 mois et 26 jours.
Par la suite le «Baye Fall» disparaît des radars. Il ne réapparaitra que pour tenter de succéder à son mentor. Il postule alors en espérant qu'il aura la confiance de Macky Sall pour diriger la coalition Benno Bokk Yaakar. Que nenni ! C'est Amadou Bâ qui va lui voler la vedette. Touché mais pas coulé, Dionne -certainement un des choix du coeur - s'organise avec les anciens compagnons pour aller à la conquête du pouvoir. Reste à savoir maintenant si l'élève aussi suffisamment de poids électoral pour pouvoir «cloner» voire «tuer» le maitre.