Dakar — L'ONG Article 19 Sénégal a initié un monitoring sur la divulgation proactive de l'information pour la présidentielle du dimanche 24 mars prochain afin de rédiger un rapport portant sur "l'accès à l'information dans le processus électoral au Sénégal", a annoncé son directeur régional Afrique de l'Ouest, Alfred Bulakali.
"L'accès à l'information est crucial en démocratie de manière globale, mais de façon particulière pendant une élection. Parce que l'information permet de connaître qui sont les candidats, comment se déroule le processus et le vote et de ce fait pouvoir faire son vote. (...)", a-t-il expliqué lors d'une table ronde d'échange organisée jeudi soir à Dakar.
Il a précisé que "c'est à la lumière des lignes directrices mises en place que nous sommes en train de faire une analyse, un monitoring et un suivi avant, durant et après l'élection pour ensuite sortir un rapport". Le but est de "voir comment les acteurs de l'élection au Sénégal ont diffusé de façon proactive l'information", a-t-il ajouté.
"L'objectif de cette discussion, a indiqué M. Bulakali, est d'échanger sur la teneur du droit d'accès à l'information dans les différentes phases du processus électoral au Sénégal à la lumière des lignes directrices, de la législation électorale ainsi que du cadre normatif global applicable à l'accès à l'information au Sénégal et au sein de l'Union Africaine".
Il ne s'agit pas seulement de l'information électorale ou civique à proprement parler, a-t-il toutefois fait remarquer.
"C'est aussi l'information liée aux opérations elles-mêmes et des différentes parties prenantes, qu'il s'agisse de ceux qui ont le pouvoir de décider, de l'organisation de l'élection ou des structures d'organisations, des partenaires, comme les médias, la société civile, les observateurs, ou encore les candidats et partis politiques".
Le directeur régional Afrique de l'Ouest de l'ONG Article 19 souligne que la démarche consiste en une revue documentaire et en des entretiens avec les acteurs impliqués dont la presse. Il s'agit de voir si oui ou non chaque partie prenante a diffusé une série d'informations recommandées à être diffusées, a-t-il déclaré.
Maktar Fall de l'ONG Gradel estime pour sa part que la société civile a échoué dans la sensibilisation des citoyens.
"Nous avons échoué sur la sensibilisation des citoyens, nous arrêtant sur les débats et querelles et oubliant d'inviter les citoyens à retirer leur carte, à comprendre le processus et à aller voter", a-t-il fait valoir.
La question du financement des partis politiques et des ONG ainsi que le mode de désignation des candidats ont été discutés lors de la table-ronde.
Le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l'information et de la communication sociale (Synpics), Bamba Kassé, préconise "un conseil des médias et une loi d'accès à l'information pour changer les choses".
Selon lui, la loi étant muette sur beaucoup d'aspects, "il faut réformer la régulation du secteur des médias". Il préconise la mise en place d'un organe de régulation puissant.
Cet exercice de monotoring, déjà mené en Gambie, est initié pour la première fois lors d'une élection au Sénégal, fait observer Bulakali.