Les enjeux réels de l'élection présidentielle de ce dimanche 24 mars 2024 sont entre autres la bonne gouvernance des deniers publics ; la redevabilité ; la lutte contre la corruption et l'équité dans la répartition des ressources. Une attente lourde de responsabilité pour le futur Président de la République.
Le Sénégal, dans un contexte de tensions politiques sans précédent se prépare à élire son 5ème président de la République. De ce scrutin présidentiel, se jouent de grands enjeux tels que le manque de redevabilité des organes de contrôle dans le cadre de la production de rapports de la gouvernance ou de la diffusion desdits rapports ; la mal gouvernance ; la corruption et l'équité dans la répartition des ressources. Autant de préoccupations, voire de défis légitimes pour le futur Président de la République qui aura la lourde charge d'impulser une nouvelle orientation et une nouvelle dynamique pour un Sénégal ancré dans le développement endogène. D'ailleurs, à quelques exceptions près, tous les candidats à cette élection présidentielle ont pris l'engagement de faire de leur gouvernance un viatique de gestion des deniers publics. Pour ce qui est de la redevabilité par les organes de contrôle, le Forum civil (section sénégalaise de Tranparency international) dans son rapport 2023 publié en janvier dernier faisait constater le manque de volonté politique réel à lutter efficacement contre la corruption. Ainsi, selon le Forum civil sur 100 points possibles, le Sénégal s'est encore retrouvé avec un score de 43 déjà obtenu en 2022. Ce qui dénote selon Abdoul Malick Bousso, membre du bureau exécutif du Forum civil, un immobilisme réel dans le parcours du Sénégal pour sortir de cette zone rouge, l'amenant ainsi à dire que c'est « l'objet d'un refus ».
Quant à la gouvernance économique du pays, les Sénégalais sont de loin satisfaits de cette gouvernance. En clair, la majorité des Sénégalais pensent que le pays est sur une mauvaise pente ces 20 dernières années. Pour s'en convaincre, une infime partie continue de s'enrichir contre une majorité de plus en plus pauvre. Pendant ce temps, les ressources minières sont exploitées de belle manière au Sud Est du pays (Kédougou) et celles des carrières avec les phosphates et les calcaires au centre ouest du pays (Dakar-Thiès). S'y ajoutent le zircon dans le Diogo (Thiès), la pêche avec les licences de pêches accordées à l'Union européenne, la Chine. Pour preuve, sur plus de « 64 700 bénéficiaires de la carte d'égalité des chances, seuls 39 000 ont été enrôlés au Programme national de bourse de sécurité familiale », renseigne le Registre national unique (Rnu-2023). Dans les mois à venir, le Sénégal attend de voir ses premiers barils de pétrole et son gaz être commercialisés. Si le futur Président de la République réussit le pari d'impulser cette orientation et à ancrer une nouvelle dynamique, il est à espérer de voir le Sénégal sur la voie de l'émergence.