Depuis novembre dernier, rien ne va plus entre les médias privés et les autorités de la transition qui ont procédé à des censures et brouillages de certaines radios et télévisions privées. Des sites internet ne sont pas épargnés. Reporters sans frontières (RSF) a tenu vendredi une conférence de presse à Conakry et s'alarme de la situation.
Signaux de quatre radios brouillés, trois chaînes de télévisions retirées des bouquets, ou encore blocage de sites internet. Les médias privés sont en grande difficulté. Une situation dénoncée par Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique subsaharienne de RSF : « Reporters sans frontières est en Guinée en en mission de soutien et de solidarité aux médias guinéens dont une grande partie est malheureusement brouillée, ne sont plus accessibles sur un certain nombre de bouquets, mais, nous sommes également dans un contexte extrêmement difficile. »
Les conséquences sont lourdes dans le milieu de la presse en Guinée. Des centaines de pertes d'emplois et des familles entières en font les frais. « Sur l'ensemble du territoire, nous sommes à 500 à 600 agents des médias qui ne peuvent plus travailler et cela c'est des pertes extrêmement graves. Au-delà de cela, la population guinéenne perd en information de qualité », poursuit Sadibou Marong.
Face à cette situation, Kalil Oularé, directeur général de Djoma Média est très inquiet pour la liberté de la presse en Guinée : « Ce que nous vivons aujourd'hui est sans commune mesure, c'est quelque chose que nous n'avons jamais pensé vivre dans notre pays. La liberté de la presse est complètement foulée au sol, la destruction même de nos entreprises est programmée. Malheureusement, aucune autorité aujourd'hui en Guinée n'est en mesure de dire ce qui se passe et comment tout ça va s'arrêter. »
Pour RSF, il faut un dialogue entre les autorités guinéennes et les médias. Le Premier ministre Amadou Oury Bah a indiqué sa ferme intention de continuer le dialogue avec les responsables des médias dans un contexte d'apaisement des deux côtés appelant aussi la presse à plus de responsabilité.
À lire aussiMédias suspendus en Guinée: «L'idée est de mettre sur "off" toutes les voix dissonantes»