Madagascar 2001

«Le guide des guides», de Thompson Andriamanoro et Stéphane Kefferstein, ne comporte aucune date d'édition.

Cependant, un faisceau d'indices permet de le situer à 2001. On ne peut parler des «ruines du Palais de la Reine» qu'après 1995 ; les images de Nissan Y61 situent un modèle lancé en 1998 ; l'Exposition universelle de Hanovre à laquelle Madagascar avait participé date de 2000 comme le Boeing 767 d'Air Madagascar, arrivé dans la flotte la même année ; 2001 est l'année de parution de deux ou trois ouvrages de l'offre de lectures ; enfin, pour des raisons politiques évidentes, Ampy Augustin Portos, qui a préfacé l'ouvrage, était président du Conseil d'administration de la Maison du Tourisme avant 2002.

Parmi les offres d'hébergement, cette publicité digne d'un musée : «Select Hotel FLM au 54, avenue du 26 juin Analakely. En pleine ville, vue du Zoma, ascenseur...». Le Zahamotel d'Amborovy, avec ses 250 mètres de plage, ses 26 bungalows individuels et 12 chambres (et ses boiseries Malgadecor), n'était pas encore l'établissement miteux qu'il est maintenant devenu. C'était encore la belle époque de «Le Chapiteau» (Ankorondrano) ainsi que du «Castello Motel» (Anosizato Est) : aujourd'hui, qui s'y aventurerait encore rien qu'en songeant aux embouteillages et à l'anarchie du rond-point d'Anosizato.

Comme au dernier «Tsenaben'ny Fizahantany» (15, 16 et 17 mars 2024), l'abondance des curiosités régionales offertes n'en soulignait que davantage la faiblesse de l'offre en hébergement («hôtels d'exception», «hôtels standards», «hôtels par chers», «chez l'habitant») à destination des 500.000 (ou 1 million ?) touristes étrangers annuels dont Madagascar a fait son objectif. Notre paradoxe, qui est déjà incohérence, accouche de cette accroche : «Madagascar est une destination qui est encore jusqu'à présent épargnée par le tourisme de masse».

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La publicité d'Air Madagascar (22 222 22) en quatrième de couverture est la signature d'une époque, déjà lointaine. Elle arbore le logo d'avant 2004 : «Une seule compagnie pour connaître Madagascar où la nature déroule un tapis de paysages dont la beauté le dispute à la profusion». Encore plus lointaine, presque irréelle, cette affirmation de 1948 : «Il existe un pays dans le monde, dont les habitants prennent l'avion avec autant de naturel que les Parisiens empruntent le train ou l'autocar de banlieue. Nous sommes à Madagascar».

En 2024, face à la disparition d'Air Madagascar (ses Twin Otter et ses HS 748 pour la desserte domestique), un réalisme lucide a donné la préférence au développement du tourisme national, fort d'un potentiel estimé à 2 millions de nationaux résidents. Depuis, on valorise les statistiques des visiteurs locaux dans les parcs nationaux : 2020 (12.018), 2021 (27.289), 2022 (46.965), 2023 (63.897).

En 2001, tandis qu'Air Madagascar mettait en avant la densité de son réseau intérieur, Air Mauritius déployait déjà ses liaisons internationales : Melbourne, Perth, Singapour, Kuala Lumpur, Hong Kong, Chennai, Delhi, Mumbai, Mahé, Antananarivo, La Réunion, Moroni, Nairobi, Maputo, Johannesburg, Cape Town, Vienne, Rome, Paris, Bruxelles, Francfort, Munich, Genève, Londres...

En ces temps-là, Antaris, et son service prépayé «Illico», se revendiquait «la plus importante couverture GSM à Madagascar (informations au +261323232304). Tandis que Madacom affichait «le premier annuaire des abonnés GSM» (0331100789). Master Comm vantait la location et la vente de portable mobile, avec la photo du vénérable Nokia 3210 lancé en 1999. Parmi tous les annonceurs, l'Hôtel Beau Rivage (Toamasina) était le dernier à être encore en Telecel : 030 55 854 86.

Souvenir affectueux au Photorama-Fujfilm d'Antaninarenina, «face P.T.T.». C'est là que j'envoyais mes Chroniques par fax : la qualité de la sortie imprimante à la rédaction de L'Express de Madagascar était médiocre et l'opérateur, qui devait refaire la saisie, introduisait de multiples coquilles que ne voyaient pas toujours les correcteurs. Pour la susceptibilité d'auteur, orgueilleux de son vocabulaire et présomptueux de sa syntaxe, il était heureux que cet outil anachronique fût remplacé par le mail. Il y a 23 ans, les mails étaient en @dts.mg, @simicro.mg, @ibonia.com.

Comme dans un inventaire à la Prévert, j'ai pioché ici et là. Alors que le logo VISA affiche aujourd'hui partout sa modernité, et que la carte bancaire s'est banalisée, personne ne peut imaginer ce que pouvait être «un service plus : le terminal de paiement électronique de la BNI-CLM».

Les clichés «carte postale» n'ont pas changé : baobabs à l'Ouest, ravinala à l'Est, plantes médicinales, huiles essentielles... Lemur Catta, Fosa, Tenrecs, Fody... Les auteurs écrivaient que, dès 2001 donc, «il ne subsisterait plus de ce rapace (le pygargue de Madagascar) qu'une quarantaine d'individus». Et depuis ?

Un autre cliché aura été mis à mal entre-temps : un cheptel de 15 millions de zébus... D'hécatombes en exportation sur pieds, combien en reste-t-il ? Pourtant, cet animal placide aura inspiré les auteurs : «autant que le lémurien ivre de liberté, le boeuf à bosse, dans sa douce servitude, est une image familière de Madagascar, victime expiatoire à toutes les grandes manifestations, sacrifice pour le clin d'oeil périodique aux ancêtres».

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