Après qu'ils ont entendu tout le monde, les Sénégalais iront aux urnes demain, dimanche, pour, à leur tour, se faire entendre. Et ce qu'ils diront ne plaira qu'à un seul candidat. Lequel sera investi de la lourde mission de présider aux destinées du pays au moins pendant cinq années.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) du Président Abdoulaye Wade a d'ores et déjà jeté son dévolu sur le candidat Bassirou Diomaye Faye de Pastef. Au vu de l'exposé des motifs, il apparait clairement que Wade-père en veut terriblement à son ancien Premier ministre. Macky Sall qui avait embastillé Wade-fils pour «biens mal acquis», serait encore coupable de la mise hors course de ce dernier à cette présidentielle-ci.
L'ancien chef de l'Etat parle d'«élimination scandaleuse de Karim Wade (...)».
En sus, le sous-entendu du «Pape du sopi» est on ne peut plus audible : Macky serait responsable du dévoiement de l'esprit de la République sensée garantir à chaque citoyen ses droits fondamentaux et assurer son rôle de protecteur du bien commun. L'idée qu'un Etat puisse être «confisqué au service d'intérêts privés et égoïstes» est, pour Wade, «profondément intolérable».
Enterré donc le projet de gouvernance des Libéraux de régner sur le Sénégal plus de quarante années ! Du moins Abdoulaye Wade n'en veut plus parce que son rejeton n'est pas de la partie. Au Pds, on préfère ainsi sacrifier l'idéologie -ou ce qu'il en reste- sur l'autel d'intérêts... évaporés.
Me Wade fait sien l'adage qui dit que «l'ennemi de mon ennemi est mon ami». Bassirou Diomaye Faye est ce nouvel ami qui engrange les faveurs parce qu'avec le «pastefien», Wade a la ferme conviction que «le renouveau de l'État de droit et une justice pleinement indépendante» seront garantis dans la perspective d'un Sénégal «prospère et juste». Abstraction faite de l'esprit vindicatif de Wade et de ses partisans, Diomaye aurait pris des «engagements forts dans ces domaines».
Sans doute que Wade ne croit pas un mot des promesses de Diomaye ; mais la politique fonctionne ainsi : au gré des occurrences, des circonstances, des ressentis et des ressentiments, des humeurs et des intérêts personnels ou claniques.