Ile Maurice: Ratsitatann ou les derniers jours d'un condamné à mort

Dissiper le flou entourant le procès de Ratsitatane. C'est l'un des objectifs de la pièce que prépare le metteur en scène Rowin Naraidoo, avec un texte entièrement basé sur des documents d'archives.

Préserver l'authenticité des faits historiques, tout en laissant libre cours à l'inspiration théâtrale. C'est le défi qu'a accepté le metteur en scène Rowin Naraidoo. Sa prochaine pièce s'intéresse à un personnage réel aux allures de mythe. Il s'agit de Ratsitatann ou les derniers jours d'un condamné à mort.

Ce projet est à «50 % de sa préparation», indique le metteur en scène. L'équipe répète les samedis au Youth Hub de Helvétia. Le texte de cette «nouvelle version» est basé sur «des archives reçues du chercheur Jimmy Harmon du Musée de l'esclavage intercontinental», ajoute Rowin Naraidoo. À partir de documents historiques, il a «brodé cinq scènes, qui représentent cinq moments importants» de la vie de Ratsitatane. Cette initiative s'inscrit dans le sillage des 200 ans de l'exécution de Ratsitatane, général de l'armée malgache, le 15 avril 1822, à Plaine-Verte.

Rowin Naraidoo rappelle que le rapport de la Commission Justice et Vérité a recommandé que Ratsitatane ait droit à un nouveau procès. L'affaire initiale ayant été une «machination politique de l'administration coloniale britannique», dit le metteur en scène. «Cette pièce est une forme de réparation. On ne peut pas démolir d'un seul coup ce qui a été implanté dans la tête des Mauriciens». Mais il souhaite y contribuer par le biais de cette pièce. «Avec l'Histoire, on ne peut pas faire dans l'à-peu-près. Nous essayons de dissiper le flou entourant le procès de Ratsitatane».

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Particularité de Ratsitatann ou les les derniers jours d'un condamné à mort, pièce qui lie Maurice à la Grande Île, au temps de la colonisation britannique : Rowin Naraidoo dirige quatre comédiens malgaches. Le rôle-titre a été confié à Ajary Randriatsiferana. «Certains d'entre eux ont déjà fait du théâtre, d'autres pas», précise le metteur en scène. Le rôle de Hastie sera joué par Zaheer Hissoob, celui du chef juge par Salim Khodabaccus.

Le metteur en scène situe cette pièce dans la catégorie drama trail, c'est-à-dire une pièce, «qui fait bouger le public». Les moments clés de la courte période que Ratsitatane a vécus à Maurice se déroulent à son arrivée entre le Trou-Fanfaron et l'Aapravasi Ghat. Rowin Naraidoo y a imaginé une conversation entre James Hastie, un agent du gouverneur Robert Farquhar et le gouverneur lui-même. Déporté de Madagascar, Ratsitatane a été incarcéré au bagne de Port-Louis, anciennement occupé par le Musée de la poste, à côté de la Poste centrale. Le prisonnier s'évade du bagne et gagne la Montagne des Signaux. Capturé, son procès a lieu à l'ancienne Cour suprême, avant sa décapitation à Plaine-Verte. Tous ces espaces seront concentrés durant les représentations à venir, dans la cour du Musée de l'esclavage intercontinental.

Si les dates des représentations ne sont pas encore connues, il est prévu qu'elles aient lieu en nocturne dans la cour de ce musée, voisin de certains des lieux où Ratsitatane est passé. «Avec les bruits de la ville, ce serait difficile de jouer en journée», constate le metteur en scène. Il réfléchit à des formules pour accueillir le public scolaire. Les représentations seront gratuites, précise le metteur en scène, «il n'y a rien à prendre des poches des Mauriciens».

Auparavant, la troupe vivra une dateclé. Elle quitte Maurice, le 15 avril prochain, pour Madagascar. «Nous avons été invités par une association de descendants de Ratsitatane». Le work-in-progress de cette pièce sera présenté dans le cadre du bicentenaire de l'exécution de Ratsitatane.

Des comédiens malgaches participent à l'aventure.

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