Tchad: Tu ne trahiras point...

2021-2024, la transition politique instituée au Tchad au lendemain de la disparition tragique, le 20 avril 2021, du président Idriss Deby Itno, tire vers sa fin. Le 6 mai prochain, les électeurs tchadiens voteront pour départager la quinzaine de candidats en lice pour l'élection présidentielle.

Sur le départ, deux des concurrents les plus en vue se démarquent en raison des fonctions officielles qu'ils exercent au sommet de l'Etat: le président de la transition, Mahamat Idriss Deby Itno, et le Premier ministre, Succès Masra.

Réconciliés depuis à peine trois mois, ils vont éprouver la solidité de leur rapprochement salué au moment de son annonce comme un pas vers l'apaisement. Avant que le second ne soit nommé Premier ministre le 1er janvier, les relations avec le président de la transition étaient à ce point tendues que Masra s'était retrouvé en exil avant qu'une médiation menée en République démocratique du Congo ne donne lieu à de spectaculaires « accolades » entre eux, d'autant plus qu'en termes de critiques à l'égard du pouvoir en place, l'opposant ne mettait pas de gants.

Dans une certaine mesure, les deux hommes volent d'ores et déjà la vedette à leurs concurrents, à la fois parce qu'une forte opinion à N'Djamena les soupçonne d'être liés par un pacte secret de partage du pouvoir, mais aussi parce que la sérénité qu'ils affichent tous les deux fera date si l'élection se déroule dans la quiétude et ses résultats ne font pas l'objet de contestations. Nous sommes dans l'hypothèse où l'un d'eux serait déclaré vainqueur, sans exclure le scénario où un autre candidat en dehors d'eux devait l'emporter.

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Ceci dit, nos deux « vedettes » ont un point commun : leur âge. Mahamat Deby est né le 4 avril 1984, Masra le 30 août 1983. Ils sont de la génération des quarantenaires et devraient avoir à coeur de ne pas la trahir. Pays à l'histoire tumultueuse, le Tchad a vu nombre de ses fils et filles payer un lourd tribut à la violence politique. La plupart du temps, les brouilles entre anciens alliés se muent en guerres fratricides retardant de plusieurs décennies la construction de la nation. Sans être une exception, le langage des armes a une place particulière dans le paysage politique tchadien.

Devrait-on enfin croire que la génération de Mahamat/Masra, celle des 39/40 ans apportera l'espoir aux Tchadiens ? Le mot est lourd de sens, mais ne serait-ce qu'y accéder à l'issue d'un vote, pour qu'au moins le pays vive la fin d'interminables bruits de bottes qui toujours résonnent à la moindre contradiction chez ses acteurs politiques. Pour être sûr de bâtir la paix, le candidat qui l'emportera le 6 mai, et celui qui perdra, pour ne parler que du général Deby et de l'économiste Masra, feront oeuvre utile en jurant de faire mieux que les générations précédentes. Après tout, le pouvoir qu'ils se disputent avec opiniâtreté est la propriété exclusive du peuple.

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