La venue, sur la Grande Île, vendredi 22 et samedi 23 mars, d'une grosse délégation du ministère des Affaires étrangères français avec, dans ses valises, une lettre de la ministre de la Culture Rachida Dati, a réjoui les autorités malgaches. Explications.
La lettre acte enfin la composition de l'équipe française à la commission mixte - une commission rendue obligatoire par le vote de la loi du 26 décembre sur la restitution des restes humains - et propose à la partie malgache une rencontre au printemps, à Paris. L'invitation a d'ores et déjà été acceptée.
Sept Malgaches et sept Français ont ainsi été sélectionnés pour former le fameux comité bilatéral en charge des discussions autour de la restitution des crânes. Parmi ces membres, on retrouve des représentants des gouvernements, bien sûr, mais aussi des représentants des institutions culturelles et muséales des deux pays, l'actuel roi sakalava Magloire - le premier à avoir réclamé, en 2003, la restitution du crâne de son ancêtre le roi Toera, décapité par l'armée coloniale française, mais aussi et surtout des historiens, comme Klara Boyer-Rossol, qui travaille sur le sujet depuis plus d'une décennie.
« Il y a déjà un travail historique et scientifique qui a été fait. Donc l'idée de cette commission, ce n'est pas de reprendre toute la question de la provenance des restes humains mais plutôt de définir ensemble les conditions de la restitution », confie Aurélien Lechevallier, directeur général de la mondialisation, de la politique culturelle et de la coopération pour la diplomatie française. « Donc, normalement, ça devrait être un processus encadré dans le temps » assure-t-il.
« Nous sommes dans le bon processus aujourd'hui », affirme de son côté Augustin Andriamananoro, ministre de la Culture malgache qui ne cache pas son optimisme : « Donc espérons que notre voyage à Paris, fin avril, puisse conclure ces projets. Cette année, ça sera une année de concrétisation ! »
À en croire les autorités françaises, cette rencontre s'annonce comme un tournant dans ce vaste dossier - aussi complexe que sensible - qu'est la restitution de restes humains.
« C'est une première puisqu'il y a d'autres demandes de restitution d'autres pays. Mais cette fois-ci, d'une part, c'est la première fois qu'on va réunir une commission d'historiens et si la restitution a lieu, Madagascar sera le premier pays où on appliquera cette nouvelle loi française. Donc c'est véritablement une étape historique qui est en train d'être franchie », précise encore Aurélien Lechevallier.
Le calendrier plus précis de la restitution devrait être connu à l'issue de la première rencontre de la commission mixte.