À Madagascar, à l'approche des élections législatives du 29 mai, les voix qui s'étaient élevées pendant la présidentielle de novembre, se font de nouveau entendre. L'opposition, autrefois réunie dans le « Collectif des 11 » est aujourd'hui divisée mais engagée vers les législatives. Autre figure contestataire de taille : la présidente de l'Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa. Dans un discours ce samedi 23 mars, cette ancienne alliée du président Andry Rajoelina a dénoncé, quatre mois après la réélection de ce dernier, une situation socio-politique délétère.
Dans son discours au palais de Tsimabazaza, la présidente de l'Assemblée nationale de Madagascar a dressé un état des lieux très critique : « le peuple s'enlise dans la pauvreté extrême, dit-elle, il vit dans l'illusion de fausses promesses, dans l'obscurité, dans la saleté ». Et d'ajouter, sans citer de noms, que « des hommes » étaient responsables de ces maux.
En novembre dernier, Christine Razanamahasoa s'était attirée les foudres du camp du pouvoir dont elle est elle-même issue, en demandant l'annulation de l'élection présidentielle, faute, disait-elle d'un climat apaisé pour celle-ci. S'en était suivi un désaveu immédiat des députés du parti majoritaire. Pas de quoi décourager cette voix contestataire dont le discours est aujourd'hui adoubé par l'opposition.
Un cadre électoral actuel jugé non propice à la tenue d'une élection propre
Largement démobilisés en janvier dernier, les onze ex-candidats d'opposition à la présidentielle se font finalement entendre depuis l'annonce de leur division en deux plateformes distinctes. Une scission issue d'une lutte interne pour le mode de gouvernance du groupe.
Le Kolefitan'ny Malagasy compte de son côté les partis de Hajo Andrianainarivelo, Roland Ratsiraka, Jean-Jacques Ratsietison, Tahina Razafinjoelina et Andry Raobelina. L'autre plateforme, le Firaisankina, comprend les partis de Marc Ravolamana, Siteny Randrianasoloniaiko, Hery Rajaonarimampianina, Auguste Paraina et Alban Rakotoarisoa.
À deux mois des législatives, l'opposition est donc divisée sur la forme mais pas sur le fond, répond à RFI une source proche de l'opposition. L'objectif reste commun : défaire « par tous les moyens » un pouvoir jugé « illégal » et « illégitime ». Pour parvenir à peser dans la future Assemblée, « chaque plateforme se prépare à faire campagne de son côté, sans pour autant se faire concurrence », résume cette source.
Bien que lancée dans la campagne, l'opposition juge toujours le cadre électoral actuel - notamment la HCC et la CENI - non propice à la tenue d'une élection propre. Une donnée qui avait conduit 10 des 11 candidats d'opposition a finalement boycotter le scrutin présidentiel du 16 novembre.