Burkina Faso: Questionner notre patriotisme

Le gouvernement burkinabè a adopté, en Conseil des ministres du 22 novembre dernier, un décret instituant les Journées nationales d'engagement patriotique et de participation citoyenne. Ces Journées qui débutent demain 26 mars seront notamment marquées par une montée des couleurs sur toute l'étendue du territoire national, dans les ambassades et consulats généraux du Burkina Faso à l'étranger, suivie d'un message du chef de l'Etat sur l'engagement patriotique et la participation citoyenne.

Dans un contexte de guerre et de reconquête du territoire national, quoi de plus normal, d'éveiller la conscience patriotique et l'engagement citoyens des Burkinabè, en promouvant les valeurs de civisme, de tolérance, de patriotisme, de courage, de respect et de solidarité.

Dans un pays qui a mal à son vivre-ensemble, dans un pays en pleine crise sécuritaire qui a ébranlé la Nation jusque dans ses fondements, une telle initiative doit être mise à profit pour interroger notre patriotisme et surtout les valeurs léguées par nos aïeux. Qu'avons-nous fait de la dignité, de l'intégrité, de l'entraide, de la solidarité, ces valeurs qui ont toujours caractérisé le Burkinabè ? Clamer sur tous les toits son intégrité, porter des tenues traditionnelles, chanter l'hymne national par coeur suffisent-ils pour prouver son attachement à la patrie ?

A l'évidence, la réponse à ces questions se situe à l'échelle individuelle et collective. D'où l'opportunité de telles journées qui vont permettre aux Burkinabè, d'interroger leur relation avec la Nation, leur contribution à son développement, pour donner une nouvelle orientation à la conduite de la Nation. Cette réflexion pourra aider la lutte contre le terrorisme, parce qu'on ne saurait lutter contre et vaincre un ennemi, dans l'incivisme, l'indiscipline, la désunion et surtout que certains Burkinabè entretiennent une complicité avec les forces du mal. Comme des taupes, ils contribuent à saper les efforts collectifs, les sacrifices communs.

Le civisme et la discipline font la force des grandes Nations et se les imposer dans notre situation, est le prix à payer afin que le Burkina Faso puisse également booster son développement tant attendu. De façon singulière, l'engagement citoyen c'est aussi la contribution au Fonds de soutien patriotique, le paiement de ses impôts et autres taxes, la participation à la mobilisation de l'épargne populaire pour le financement des entreprises communautaires par actionnariat populaire dans les différents secteurs d'activités, notamment l'agriculture, l'élevage, l'agro-alimentaire, le textile et les mines sur toute l'étendue du territoire.

L'engagement patriotique, c'est également exprimer son amour pour le pays par des actions concrètes qui se manifestent comme des défis personnels dans un pays où tout le monde appelle au changement mais très peu d'entre nous l'acceptent pour peu que nos intérêts ne s'en trouvent menacés.

Taire les divergences, enterrer les égos, au nom de l'intérêt général doivent désormais être inscrits sur le tableau de bord du quotidien des Burkinabè sans exclusive. Il faut pour cela accepter une réinitialisation mentale, afin que nos propres valeurs ne soient plus vues par nous-même comme de l'exotisme. Garnir fièrement nos tables de nos mets locaux et arborer nos étoffes, c'est aussi cela le Burkinabè débarrassé de tout complexe.

En ces circonstances, une grande dose de chauvinisme ne peut qu'accentuer cet esprit patriotique qui se nourrit également de solidarité, d'entraide, de cohésion. L'histoire de ce pays nous enseigne que chaque étape de notre évolution a été arrachée au prix de fortunes diverses. L'amour de la patrie ne se décrète pas, il se vit et se démontre. La principale motivation aujourd'hui doit-être la victoire contre le terrorisme, afin de léguer une Nation prospère aux générations futures.

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