Madagascar Airlines - Rinah Rakotomanga dénonce les avantages exorbitants du DG

L'ancienne PCA fait un grand déballage par rapport à la mauvaise gestion au sein de la Compagnie nationale.

Coup de tonnerre. Rinah Rakotomanga sort de son mutisme et fait un grand déballage sur la mauvaise gestion au sein de la Compagnie Madagascar Airlines. Un « ampamoaka » apparemment très calculé qui tombe pile au moment où le régime traverse une période difficile avec les élections législatives à venir, le retour en force du délestage, l'inflation et Christine Razanamahasoa qui en appelle à toutes les forces vives de la nation pour destituer le président Andry Rajoelina.

« Je suis fidèle parmi les fidèles et loyale parmi les loyaux mais je ne peux me taire face à la situation funeste que vit notre fleuron national », déclare l'ancienne PCA. Rinah Rakotomanga, à travers une publication sur les réseaux sociaux, interpelle directement le chef de l'Etat par rapport à l'affaire Madagascar Airlines. « Excellence Monsieur le président de la République Andry Rajoelina, seriez vous serein, très à l'aise et fidèle à vos engagements sur le résultat et le bilan de 14 mois de travail du DG Vazaha en la personne de M. De Bailleul qu'on nous a imposé » ? D'après la constatation de l'ex-PCA, la « compagnie va de mal en pis depuis l'arrivée de ce DG ».

Ce dernier toucherait des avantages faramineux, au détriment de la compagnie. Rinah Rakotomanga évoque « un contrat à 2 milliards d'ariary de salaire de ce DG avec plusieurs billets d'avion en business class pour lui et sa famille et des avantages en nature ». Des avantages qu'elle trouve « indécents si l'on se réfère à la situation actuelle de la société ». Elle accuse ouvertement l'actuel Directeur général de Madagascar Airlines d'être la cause de la destruction de ladite compagnie.

Dégringolade

Rinah Rakotomanga pointe aussi du doigt les contrats de quatre experts rémunérés à 1 500 euros par jour par personne. Ces derniers bénéficieraient aussi des billets d'avion en business class pour tout déplacement en dehors et au pays, ainsi que des hébergements et nourritures à la charge de Madagascar Airlines. Continuant sur sa lancée, l'ancienne Directrice de la Communication de la Présidence de la République accuse aussi l'actuel ministre des Transports et de la Météorologie d'être complice du DG dans la dégringolade de Madagascar Airlines. Ce dernier profiterait lui aussi des avantages très juteux à travers « plusieurs contrats et sorties d'argent assez étonnants ».

Elle cite comme exemple le forcing qu'aurait fait un membre du gouvernement pour le paiement de factures de plus de 500 000 USD qui auraient déjà été lettrées depuis 2015 et 2016. Ce dernier aurait, selon Rinah Rakotomanga, « amadoué le chef de l'Etat pour prendre des avions vieux de 14 ans pour septembre 2024 donc très coûteux à entretenir ». Elle accuse le ministre d'avoir « induit en erreur le président Andry Rajoelina pour lui faire renoncer, en dépit des avis de vrais techniciens, au plan proposé par l'ancien Conseil d'Administration prévoyant des avions de nouvelle technologie et de haute performance ».

200 millions USD de dettes

Rinah Rakotomanga révèle aussi au passage que « cette compagnie, je l'ai ramassée au plus profond de son existence. Je me suis battue pour la rebâtir après qu'elle ait été mise à sac par Air Austral et l'équipe dirigeante politique d'avant. Son état était catastrophique avec plus de 80 millions USD de dettes en 2019. Je suis allée vous voir et vous ai exposé la solution pour la sauver, j'ai obtenu votre accord et j'ai tout fait et tout mis en oeuvre pour sortir Air Austral du capital et de la gouvernance de la compagnie Air Madagascar, chose fut faite en juillet 2020. Mais la Covid-19 et les mesures sanitaires ainsi que la décision du tribunal français pour 50 millions d'euros de dommages et intérêts et arriérés ne nous ont pas laissé le choix avec plus de 200 millions USD de dettes en somme - que de passer en redressement judiciaire au lieu d'une liquidation pure et simple avec la création de Madagascar Airlines comme locataire gérant du fond de commerce d'Air Madagascar et de Tsaradia comme prévoit la loi. Un nom et un logo que vous avez avalisés lors de sa création. C'était la solution la plus idoine pour sauver la compagnie.

Nous avons monté un beau projet avec le personnel et nous vous l'avons présenté. Le plan a reçu votre aval et vous nous avez même octroyé deux garanties souveraines pour un 787 et un Embraer E2 et finir avec deux 787 et trois Embraer à l'horizon 2025. Et vous voulez avoir un DG vazaha au CV mirobolant, adoubé et recruté par l'ancien ministre des Transports d'antan pour parfaire le plan. Force est de constater qu'il a vraiment sabordé et fait capoter tout le plan. Et certains dans votre entourage direct ont pris un malin plaisir à nous dénigrer nous et notre beau plan de renaissance pour faire forcing sans passer par l'organe d'administration, un plan Phoenix dénué de tout sens et avec un soi-disant accord de la Banque mondiale, seul organe qui a accepté de financer la société, dixit votre actuel ministre des Transports ».

Projet Phoenix

Dans cette publication, l'ex-Présidente du Conseil d'Administration de Madagascar Airlines exhorte le président Andry Rajoelina à « annuler, renoncer et écourter sans plus tarder » le plan de redressement proposé par l'actuel Directeur général. Selon elle, « ce projet Phénix tend vers la mise à mort de notre compagnie nationale ». Lors de sa dernière sortie médiatique, ce dernier a annoncé qu'il entend procéder à une compression du personnel. « Jusqu'à 50% des salariés à réduire », selon Rinah Rakotomanga. Pour sa part, Thierry de Bailleul a annoncé une procédure consensuelle où l'on prendra en considération le social des employés. De son côté, l'ancienne PCA interpelle le chef de l'Etat en demandant si Andry Rajoelina est prêt à assumer sa responsabilité face à la mise à mort de la Compagnie nationale pour son deuxième mandat. À suivre.

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