Il y a beaucoup à apprendre de ce match amical et de la prestation de l'équipe de Tunisie, plus sérieuse que lors de la CAN.
On avait écrit sur ces colonnes avant la demi-finale perdue face à la Croatie qu'une nouvelle équipe devrait naître. Même si c'est utopique et rêveur comme voeu, mais on attendait quand même des signes palpables d'un renouveau. Après coup, on peut dire qu'il y a beaucoup à apprendre de ce match riche en enseignements. C'est une nouvelle équipe par la force des choses : des absences de taille et une porte ouverte à des réservistes et aussi à des revenants.
Les absents avaient tort car ceux qui étaient là n'ont pas démérité, ratant même une victoire durant les 90'. Oui, Montassar Louhichi et ses joueurs ont laissé une bonne impression, tout compte fait. Il reste un goût amer de frustration, car on avait la possibilité de gagner aux tirs au but, mais Seïf Jaziri, toujours maladroit dans les occasions-clés, n'en a pas voulu en ratant de la sorte un penalty qui aurait pu récompenser les efforts tunisiens.
Ce n'est pas, à proprement dire, une nouvelle équipe qui est née, mais plutôt un nouveau groupe qui réclame son droit à s'imposer au futur. L'équipe que Montassar Louhichi a lancée est un vrai mélange d'anciens et de nouveaux, de jeunes et de moins jeunes. Le sélectionneur intérimaire a confirmé encore une fois que c'est quelqu'un qui réussit pleinement à concevoir des animations défensives blindées et qui bloquent n'importe quel adversaire.
Ce 5-3-2 bien compact et ce bloc bas, avec un marquage strict de Ben Romdhane sur le grand Modric, a bien fonctionné surtout en première mi-temps. Et encore une fois, on voit que notre sélection adore jouer sans pression et contre les grandes sélections. Cela lui permet d'attendre l'adversaire, de chercher la transition rapide et les actions «verticales». On n'a pas changé de registre, mais ce qui a changé par rapport à la CAN, c'est ce sérieux et cette minutie dans l'application des joueurs. On les a vus courir dans tous les sens, remporter des duels contre des joueurs énormes, se mettre à deux et à trois pour fermer un intervalle et bloquer des lignes de passes.
Et même si la possession a été offerte aux Croates, ce n'était pas quelque chose de dangereux. Car, face à nous, la Croatie a essayé de passer par tous les moyens mais sans réussite. Ce qu'on doit dire, pourtant, c'est que ce genre de matches ne veut pas dire que tout va changer au mieux. On a toujours vu notre équipe nationale résister face aux grands et exceller en défense, mais dans la CAN ou à la Coupe du monde, quand il y avait de l'enjeu et quand il fallait gagner, l'équipe fléchissait.
C'est redondant, même si on change de joueurs. On avait la possibilité de gagner, il fallait que Seïf Jaziri soit plus sérieux et moins perplexe au moment de tirer son penalty.
Achouri en mode créateur
Ce match a confirmé une chose : Elyès Achouri est un joueur doué et qui aura de l'impact dans le jeu de l'équipe nationale quel que soit le futur sélectionneur. Facilité à manier la balle, vitesse, présence physique et bonne vision, ce Achouri s'impose comme le créateur indiscutable. Ailier très mobile sur les deux côtés, il peut constituer avec Rafiaâ un duo complémentaire. Car Rafiaâ a joué un bon match lui aussi avec des passes réussies et des mouvements avec et sans ballon qui ont gêné la défense croate.
C'est l'occasion ou jamais de changer de joueurs offensifs et de mettre plus de vitesse dans le jeu.
Aidouni, Ben Romdhane et Ghandri ont été bons à fermer les issues et à réduire les espaces, mais avec le retour de Skhiri, ce sera curieux de voir si l'on va garder ce milieu du terrain cravacheur et au service de la défense ou, au contraire, mettre un vrai attaquant de pointe et permettre à la sélection de tenir plus la balle et attaquer avec plus d'arguments. Tout cela, c'est au futur sélectionneur d'en décider.