Madagascar: Faut-il sauver le Zahamotel de Mahajanga ?

Les commentaires désabusés sur les sites spécialisés dans l'hôtellerie ne nous ont pas découragés, on voulait quand même y aller tant par nostalgie que par patriotisme économique. Mais pour y parvenir ne fut pas une sinécure. Mis à part l'état lamentable de ladite RN4 (Route Nationale 4 !!!), à notre arrivée déjà, à la Cité des Fleurs, aucun moyen de joindre l'établissement au téléphone, les coups de fil sonnaient dans le vide, à croire que le Zahamotel n'existait plus. Même l'hôtesse d'une grande compagnie de Taxi brousse nous a répondu, l'air dubitatif : « je ne sais pas si c'est encore ouvert ! », le conducteur de Bajaj, de même, mais il nous a cependant emmenés pour empocher le tarif d'une course aussi éloignée.

Arrivés sur place, nous voilà devant un ranch digne d'un décor de désert de western avec cette grande enseigne autrefois lumineuse mais devenue déglinguée et rongée par la rouille. Un vieux gardien nous a reçus l'air étonné et nous a dit que le responsable, la réceptionniste, était déjà parti. Voilà donc le vestige de ce qui reste des grandes espérances des investissements à outrance et de la gloire passée d'Air Madagascar, c'est-à-dire un spectacle de ruines et de désolation. Ce n'est pas la basse saison mais la mort annoncée du site comme celui de l'Hôtel des Thermes d'ailleurs.

Mais revenons à la problématique posée en titre. On sait que la ville de Mahajanga et ses environs sont des destinations touristiques phares de l'Île ; le tourisme, on veut en faire un moteur du développement économique mais le nombre des arrivées peine à décoller (celui de 2008 avec plus de 400 000 est encore loin d'être atteint) et les infrastructures d'accueil sont encore insuffisantes pour attirer d'éventuels surplus de touristes parce que les investisseurs tournent le dos à ce potentiel. Malgré ce marasme lancinant, on claironne encore que le secteur est en bonne voie de se réveiller.

Il y a bien des bâtisses semblables à des luxueuses résidences bien clôturées le long de la plage mais lors de notre passage, elles étaient désertes vu la période mais en plus, elles appartiennent à des résidents étrangers et non à des locaux. A se demander quelle valeur ajoutée on peut en tirer. On a beau répéter que ne se focaliser que sur le tourisme international n'est pas assez productif avec les handicaps structurels (manque de visibilité, cherté de la liaison aérienne etc...) et qu'il fallait davantage promouvoir le tourisme national, les initiatives des appartements de vacances modules pour les familles sont certes encourageantes mais l'Etat doit encore faire preuve de plus d'actes de présence par le biais d'incitations fiscales ou de formations, par exemple.

L'Etat, justement, fait preuve d'attentisme, car comme tant d'investissements publics laissés à l'abandon et que des malins vont sûrement attendre de voir pourrir pour les acheter à vil prix. Pourquoi, par exemple, ne pas laisser les opérateurs nationaux à faible capacité de financement reprendre la gestion de ce Zahamotel et les faire payer au prorata (et évolutif) de ce qui est encore exploitable mais avec un calendrier bien ficelé de rénovation de toutes les infrastructures.

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