Au Sénégal, Amadou Ba, ex-Premier ministre du pays et candidat de la majorité, a appelé « au téléphone Bassirou Diomaye Faye afin de le féliciter et de prier pour lui », ce 25 mars 2024, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, au lendemain de la présidentielle.
« Au regard des tendances des résultats de l'élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour sa victoire dès le premier tour. » C'est dans un court communiqué de la coalition Benno Bokk Yakaar qu'Amadou Ba, candidat de la majorité pour le scrutin du 24 mars 2024, a reconnu sa défaite face à l'opposant issu de la formation dissoute Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef).
Dans ce même texte, l'ex-Premier ministre déclare « lui souhaite[r] beaucoup de réussite et de succès pour le bien-être du peuple sénégalais ».
Le porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana a indiqué de son côté qu'Amadou Ba avait appelé son adversaire pour le « féliciter ».
Les résultats provisoires de ce scrutin seront donnés au plus tard mardi soir au niveau départemental, puis annoncés au plus tard le vendredi 29 mars par la cour d'appel de Dakar, au niveau national.
Ce 24 mars, 7,3 millions de Sénégalais étaient appelés aux urnes pour élire le cinquième chef d'État du pays, après Léopold Sédar Senghor (1960-1980), Abdou Diouf (1981-2000), Abdoulaye Wade (2000-2012) et Macky Sall (2012-2024).
Une élection initialement prévue le 25 février dernier, dont le report avait plongé le pays dans une crise politique majeure, et qui connaît un revirement majeur avec ce message adressé à Bassirou Diomaye Faye.
Bassirou Diomaye Faye, de la prison à la présidentielle
« Bassirou est plus honnête que moi. Bassirou est un homme extrêmement brillant. » Ces mots sont ceux d'Ousmane Sonko, mentor politique de Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, ancré au sein d'une famille où l'éducation et le respect sont des bases.
« Je suis quelqu'un de particulièrement raisonné, de particulièrement raisonnable, de particulièrement sensé, de particulièrement réfléchi. » Cette posture, Bassirou Diomaye Faye, estime qu'elle vient de sa culture sérére, basée notamment sur l'égalité, le respect des ainés et de son enfance au sein d'une famille d'agriculteurs. « Ainé de cette famille, j'ai très tôt développé mon esprit de leadership », assure-t-il.
C'est en suivant son père (« ma référence », souligne l'intéressé), militant socialiste, que « BDF » - comme le surnomme les Sénégalais - a commencé à forger son identité, syndicale et politique.
École à la campagne, dans son village natal de Ndiaganiao, bac sans mention - un échec, pour lui - à Mbour, puis une maitrise de droit à Dakar qui lui ouvre les portes de l'École nationale d'administration (ENA).
L'ENA où il rencontre en 2007, à la salle de sport, Ousmane Sonko. Les deux hommes, inspecteurs des impôts, défendent les mêmes valeurs et fondent en 2014 le Pastef.
Inspiré par l'intellectuel sénégalais Cheikh Anta Diop et le philosophe néerlandais Baruch Spinoza - « discret et froid dans l'analyse » indique sa biographie - Bassirou Diomaye Faye, a su, malgré un an d'emprisonnement, prouver en dix jours de campagne qu'il avait l'envergure pour prétendre à devenir chef de l'État.
Présenté par ses opposants comme le « candidat populiste, de la rupture », Bassirou Diomaye Faye a toujours indiqué qu'il ne supportait pas l'injustice et qu'il cherchait avant tout « l'équilibre » pour prendre ses décisions.