Le Forum et réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD), en partenariat avec l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI), a organisé, la IVe édition de l'initiative médiatique d'AFRODAD (AFROMEDI IV), du 19 au 21 mars 2024 à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Environ 60 journalistes d'une trentaine de pays africains ont pris part à cette rencontre placée sur le thème : « Responsabiliser les médias pour une campagne efficace sur la dette africaine ».
La dette de l'Afrique est passée de 238 milliards de dollars américains au début des années 2000 à 1 130 milliards de dollars, soit une augmentation de 374,8 % en l'espace de deux décennies. Sur la période 2019-2023, cet endettement a atteint 86 % du PIB en Egypte, 198 % du PIB du Soudan, 83 % pour la Tunisie, 70 % pour le Maroc et plus de 100 % du PIB de la RDC, de la Zambie et du Mozambique, a fait savoir l'analyste politique et chargé de plaidoyer-gestion de la dette souveraine à AFRODAD, Shem Joshua.
La soutenabilité de cet accroissement continue de la dette africaine et son impact sur le développement du continent étaient au centre de la IVe édition de l'Initiative médiatique d'AFRODAD (AFROMEDI IV), tenue, du 19 au 21 mars 2024 à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Organisé par le Forum et réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD), en partenariat avec l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI), cette rencontre, placée sur le thème : « Responsabiliser les médias pour une campagne efficace sur la dette africaine », a connu la participation d'environ 60 journalistes d'une trentaine de pays africains. Il s'agit, entre autres, de l'Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Tchad, Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar.
Selon la responsable des campagnes et de la communication d'AFRODAD, Fidélité Nshimiyimana, cet atelier vise à outiller les journalistes afin qu'ils puissent jouer leur rôle d'agents de changement à travers l'interpellation des décideurs et la conscientisation des populations pour un endettement responsable et efficient au service d'un développement durable et inclusif du continent africain.
Pour ce faire, au cours de ces trois jours de travaux, les professionnels de l'information ont eu droit à des communications suivies d'échanges enrichissants sur la gestion durable de la dette, ses fondements juridiques complexes, les Droits de tirage spéciaux (DTS), l'humanisation des reportages sur la dette publique africaine, le traitement de l'information liée à la transparence et aux flux financiers illicites.
Explorer des politiques alternatives
Ils se sont également familiarisés avec la Charte africaine de l'emprunt, la campagne sur la dette africaine « arrêter l'hémorragie », la déclaration de Hararé, l'accès et la compréhension des données cruciales sur la dette, les alternatives à la dette croissante du continent africain. Pour Shem Joshua, l'Afrique a les ressources et les compétences pour prendre en charge le financement de son développement. Il est donc temps qu'elle explore des politiques alternatives afin de de briser les chaînes de la dette qui entravent sa marche vers la prospérité.
Le président du l'UNJCI, Jean-Claude Coulibaly, s'est réjoui de la tenue en Côte d'Ivoire de cette rencontre sur la dette qui participe au renforcement des capacités des journalistes africains, à leur spécialisation. Il a appelé ses confrères à plus de créativité pour contourner les contraintes liées à l'accès aux données sur la dette et à demeurer professionnels dans le traitement de l'information sur ce sujet sensible, qui suscite des passions.
Pour la représentante du ministre ivoirien de la communication, Agnès Kraidy, il n'y a pas de développement sans dette, mais le plus important est de s'assurer que cet endettement permet aux pays africains d'amorcer leur développement. Elle a salué cette initiative d'AFRODAD qui contribue à la capacitation des journalistes. Selon Mme Kraidy, la prise de conscience des enjeux liés à la dette par les journalistes est salutaire. Elle va permettre à l'Afrique de bâtir ses propres narratifs sur sa dette, son développement. Elle a appelé les médias à dédramatiser la dette.
Après ces 72 heures de partages d'expériences, les journalistes ont dit être disposés à jouer leur partition à travers des productions impactantes sur la dette africaine. « La dette publique est une notion complexe aux implications considérables. Mais grâce aux différentes présentations durant ces trois jours, j'ai retenu qu'il est important que les journalistes comprennent toujours les termes, les conditions et les conséquences potentielles des accords de prêts conclus par les gouvernements. Et si les journalistes africains travaillent en collaboration, nous pouvons contribuer à garantir que la dette publique soit gérée d'une manière qui profite à nos populations et favorise le développement durable », a confié la journaliste à la radio-télévision camerounaise, Rita Yuosembom.