Sénégal: Diomaye Faye, maitre des urnes

Le monde entier a les yeux rivés sur le Sénégal où les populations sont dans l'attente des résultats du premier tour de la présidentielle du 24 mars 2024.

Le vote s'est déroulé dans le calme, un peu partout dans le pays, alors que certains observateurs redoutaient des incidents majeurs, tant le Sénégal a connu des tensions politiques. Le Dieu de la paix a accompagné le scrutin, dont aucun résultat officiel n'a encore été annoncé. La commission électorale nationale a jusqu'à vendredi pour livrer le verdict des urnes. Mais plusieurs médias locaux ont publié des résultats bruts issus des bureaux de vote qui donnent le candidat de l'opposition, Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, en tête devant l'ancien Premier ministre et dauphin du chef de l'Etat sortant, Amadou Ba.

Le candidat du parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF), obtiendrait entre 53 et 57 % des votes exprimés, contre 32 % pour son principal rival, Amadou Ba, selon les mêmes sources. Les résultats diffusés dans la presse ne sont certes pas officiels, mais ils reflètent la réalité des urnes, selon la plupart des autres candidats (17/18) qui ont déjà félicité Diomaye Faye, bras droit de l'opposant populaire, Ousmane Sonko, empêché de se présenter pour des questions judiciaires. Seul à se démarquer du lot, le candidat de la coalition au pouvoir, Amadou Ba qui semblait croire dur comme fer à un second tour, a fini par décrocher son téléphone, le lundi 25 mars 2024, pour appeler Diomaye Faye et le féliciter.

Cette posture illustre à nouveau, que la démocratie fonctionne au Sénégal, malgré le recul enregistré ces dernières années sous le régime de Macky Sall. Si la quasi-totalité des prétendants au trône ont congratulé par anticipation Diomaye Faye, c'est qu'ils disposent d'informations qui les confortent dans ce sens. On pourrait penser à raison que le choix des Sénégalais s'est porté sur Diomaye Faye, et que le scrutin s'est manifestement joué au premier tour. Le verdict tant attendu de la Commission nationale électorale devrait confirmer la victoire par un « coup KO » de Diomaye Faye.

A moins d'un revirement spectaculaire. Si le candidat du PATEF a selon toute vraisemblance surclassé ses adversaires, c'est que le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture au détriment de la continuité avec le clan Sall, dont la gouvernance a été fortement décriée. Le Sénégal s'apprête donc à prendre un autre chemin, en fonction des ambitions de Diomaye Faye, dont l'élection est presque une certitude. Une fois sa victoire confirmée par l'organisme habilité et son investiture actée, ce panafricaniste, sorti de prison il y a peu, pourra se mettre à l'épreuve du pouvoir.

Il aura surtout la latitude d'expérimenter son programme qui n'a pas laissé indifférents ses compatriotes pendant la courte campagne. Si l'on s'en tient à ses promesses, Diomaye Faye entend, entre autres, rétablir la souveraineté du Sénégal bradée par le clan Sall à son avis, renégocié les contrats miniers, gaziers et pétroliers et lutter sans état d'âme contre la corruption. Mais au-delà de la victoire presque acquise de Diomaye Faye, la tenue de ce scrutin est une victoire du Conseil constitutionnel sénégalais, voire de la démocratie.

Si, cette institution ne s'était pas montré forte, le président Macky Sall allait plonger le pays dans une aventure à l'issue incertaine, tant sa volonté de quitter le pouvoir n'était pas vraiment affirmée. N'a-t-il pas tenté de s'offrir un bonus de 10 mois avant de se raviser face à l'intransigeance des sages ? Fort heureusement, tout est rentré dans l'ordre et le Sénégal va envisager l'avenir avec un nouveau dirigeant, qui on l'espère, comblera ses nombreuses attentes.

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