Madagascar: Trafic de concombres de mer - Des responsables étatiques emprisonnés

Vingt-six personnes issues du secteur public et privé ont été mises sous mandat de dépôt depuis samedi matin pour trafic de concombres de mer. Elles sont impliquées dans la délivrance illégale d'autorisations.

En tout, vingt-six personnes sont actuellement en détention à la maison centrale d'Antanimora pour une affaire de trafic de concombres de mer. Depuis samedi matin, après s'être présentées devant le parquet du Pôle anti-corruption (Pac), ces vingt-six personnes ont été emmenées immédiatement en prison.

Des sociétés chinoises ont obtenu illégalement des permis de collecte de concombres de mer en 2020 et le trafic n'a été découvert que récemment. Des responsables étatiques et des opérateurs privés ont trafiqué des autorisations d'exploitation de ces produits de la mer en outrepassant les textes du Code de la Pêche. Les documents ont été délivrés illégalement par la direction générale de la Pêche et de l'Aquaculture et l'Autorité sanitaire halieutique (ASH).

Parmi ces vingt-six personnes se trouvent l'ancien directeur général de la Pêche et de l'Aquaculture, l'ancien directeur de l'ASH qui est actuellement le directeur régional de la Pêche et de l'Économie bleue d'Analamanga, le responsable du Service d'enregistrement et de surveillance des établissements des produits de la pêche et de l'aquaculture, sept ressortissants chinois collecteurs et seize ressortissants malgaches propriétaires ou commandants des bateaux et plongeurs. Ils sont inculpés pour abus de fonction, corruption, faux et usage de faux. Ils attendent leur procès à Antanimora.

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Rôdées

La pêche aux concombres de mer est officiellement suspendue pour ce qui relève de la zone septentrionale de Madagascar. La pêche s'est déplacée vers les îles voisines à partir des points d'embarquement du Nord de Madagascar. Le tout est bien organisé par des ressortissants chinois repreneurs. La Convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) stipule que certaines espèces de concombres de mer sont classées depuis le 28 août 2020 dans l'annexe II de la convention. L'exportation d'un spécimen nécessite la disposition préalable d'un permis d'exportation suivant un quota fixé par la Cites, après une évaluation scientifique. Ces pratiques illicites d'exploitation de concombres de mer ont été dévoilées et mises en lumière par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco).

Les enquêtes ont été ouvertes suite au fait qui s'est déroulé le 10 février 2024, quand des garde-côtes seychellois ont intercepté des boutres transportant des pêcheurs dans leurs eaux territoriales. Saisi de cette affaire, le tribunal d'Antsiranana a donné suite à l'issue de l'arrestation des cent soixante-quatre pêcheurs et cinq Chinois acheteurs de ces butins. « Des renseignements précis sur ces activités illicites ont été transmis au Bianco qui a ouvert une enquête judiciaire pour traiter la partie délivrance illégale de permis de collecte et d'agrément sanitaire de ces produits halieutiques », rapporte une missive du Bianco.

Les pratiques transgressives du Code de la Pêche ont été découvertes. Des sociétés chinoises ont illégalement obtenu des permis de collecte de concombres de mer qui n'excluaient pas les espèces inscrites à l'annexe II de la Cites. Le kilo se vend à 90 euros en moyenne sur le marché international. 196 tonnes ont été officiellement exportées en 2023.

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