Dakar — Le chef de la mission d'observation électorale de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédeao) juge que la présidentielle sénégalaise s'est tenue globalement "sans heurts et dans une atmosphère largement pacifique".
"Le scrutin s'est généralement déroulé sans heurts et dans une atmosphère largement pacifique mais avec des manquements apparents", a déclaré le professeur Ibrahim Agboola Gambari, mardi, lors d'un point de presse, à Dakar.
Ces "manquements apparents" seront discutés ultérieurement avec les autorités compétentes du Sénégal, a-t-il dit, en partageant les conclusions du travail effectué par les observateurs déployés sur le terrain le jour du scrutin.
Les électeurs ont pu exercer librement leur droit de vote sans entrave, même si certains bureaux de vote (28,13%) n'étaient pas facilement accessibles aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite, a-t-il relevé.
Il a salué le "déroulement remarquablement pacifique et inclusif du processus électoral", estimant cependant que "certains aspects du processus et des pratiques [...] mériteraient d'être revus afin de renforcer le cadre électoral".
Il pense qu'il est "nécessaire de revoir le système de parrainages afin de le rendre plus transparent et plus équitable, en particulier les tirages au sort pour déterminer le positionnement des candidats potentiels et le logiciel utilisé pour traiter les données".
Les observateurs de la Cédéao considère qu'il est "nécessaire de gérer convenablement le matériel électoral sensible", notamment les bulletins de vote non utilisés, afin de prévenir "les abus potentiels et la manipulation du processus de vote".
La mission, selon son chef de file, estime également qu'il est "nécessaire d'adopter la mise en oeuvre du bulletin unique pour tous les candidats pour réduire le coût de l'imprimerie en envisageant de limiter le financement des campagnes, en exigeant des candidats qu'ils déclarent leur patrimoine et en couplant les élections".
"La mission a été informée que le processus électoral qui vient de s'achever officiellement a coûté 14 milliards de francs CFA", a confié M. Gambari.
L'instance souligne également la "nécessité de prendre les mesures adéquates pour faciliter l'accès aux bureaux de vote pour les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite".
"Il est nécessaire d'envisager la mise en place de nouvelles mesures visant à encourager une plus grande participation de candidates femmes aux futures élections présidentielles. Le système de parrainage a finalement permis de désigner une seule femme sur 19 candidats", a constaté la mission d'observation électorale de la Cédéao.
Elle se félicite de l'adoption d'une loi d'amnistie qui a conduit à la libération de plusieurs détenus politiques à la veille de l'élection, contribuant largement à l'apaisement de l'atmosphère de tension ayant prévalu jusqu'à la tenue de l'élection présidentielle.
La MOE a déployé 130 observateurs, répartis en 57 équipes dans les 14 régions du pays.