Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye a survolé la présidentielle avec plus de 54% des voix. Mais une fois investi, il devra composer sans majorité au Parlement.
L'opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye a largement emporté dès le premier tour de la présidentielle avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%), selon les résultats finaux provisoires proclamés ce mercredi soir (27.03).
La victoire doit maintenant encore être validée par le Conseil constitutionnel.
Après cela, place à la réalité du pouvoir. Mais comment le nouveau président élu Bassirou Diomaye Faye, une fois investi, va-t-il gouverner et exécuter son programme alors même qu'il ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée nationale ?
Nina Penda Faye, journaliste et analyste politique, membre de la société civile estime qu'"effectivement, il y aura des difficultés si jamais des lois doivent être votées à l'Assemblée Nationale, étant entendu que la coalition de l'opposition Yéwwi Askan Wi ne pourra pas être en majorité. Ce qui est probable, c'est qu'on se retrouve face à la dissolution de l'Assemblée nationale."
Gouverner par décret
Justement, cette dissolution pourrait intervenir en septembre prochain selon la loi sénégalaise qui prévoit également la gestion du pays par décret. Le nouveau président pourra donc gouverner et exécuter son programme par ordonnance, estime Alimou Barro, juriste et membre fondateur du Pastef.
Il prévient, en rapportant les propos d'Ousmane Sonko lors du dernier rassemblement électoral de Bassirou Diomaye Faye à Dakar, qu'aucune alliance ni ralliement de partis ou de leaders politiques à la coalition "Diomaye président" ne donneront droit à un quelconque partage du pouvoir.
Chercher toutes les compétences
Selon Alimou Barro, "il y a beaucoup de partis ainsi que de mouvements politiques. On leur a clairement dit qu'on est maître du jeu, que le président est maître du jeu. Ils ne sont pas venus pour espérer quelque chose. Ce n'est pas un partage du gâteau. Toutefois, on a besoin des compétences. Partout où il y aura un Sénégalais qui peut faire avancer un secteur, on ira le chercher, qu'il soit partisan ou pas, s'il est Sénégalais, capable et compétent."
Bassirou Diomaye Faye avait été rejoint avant le premier tour du scrutin présidentiel du 24 mars par le Parti Démocratique Sénégalais, le PDS de Karim Wade toujours en exil au Qatar. Deux autres candidats à la présidentielle l'avaient également rejoint. Mais pour l'instant, rien n'indique que le président élu pourrait faire appel aux partis qui l'ont soutenu en vue de diriger le pays.