Le Délégué général au pèlerinage à La Mecque, Dr Aboubacar Sarr, évoque, dans cet entretien, les préparatifs du pèlerinage aux lieux saints de l'islam dont les inscriptions pour les pèlerins sénégalais se poursuivent jusqu'au 31 mars 2024. Selon lui, l'organisation de cette année se déroule normalement avec plusieurs innovations pour faciliter l'enrôlement des pèlerins.
Où en êtes-vous avec les préparatifs liés au pèlerinage à La Mecque de cette année ?
D'emblée on peut se réjouir que les préparatifs vont bon train et que tout se passe bien. Bientôt nous allons clôturer les inscriptions. Pour les années passées, les inscriptions se poursuivaient parfois jusqu'après le mois de Ramadan. Mais cela n'est plus possible avec les innovations introduites par l'Arabie Saoudite pour remédier à certaines difficultés comme celles notées l'année dernière à Mouna (Arabie Saoudite). Pour éviter les problèmes liés à la restauration, à l'hébergement auxquels étaient confrontés les pèlerins, l'Arabie Saoudite a décidé que tous les pays doivent finaliser leurs contrats avant le 25 avril afin d'éviter les impairs.
Ce qui fait que la Délégation générale au pèlerinage (Dgp) a décidé désormais que tous les détails concernant l'inscription doivent être réglés avant la fin du mois de Ramadan. C'est ainsi qu'on a ouvert, depuis le 25 décembre, les inscriptions des éventuels pèlerins. Il est vrai que les Sénégalais n'ont pas l'habitude de cette ouverture prématurée, mais on va bientôt terminer les inscriptions. La Délégation générale au pèlerinage (Dgp) a quasiment atteint son nombre de 1.860 pèlerins. Il ne reste que les voyagistes privés qui continuent toujours les inscriptions. De ce fait, je tiens à appeler les Sénégalais qui comptent accomplir le Hajj cette année à s'inscrire avant la clôture des inscriptions, notamment ceux qui comptent voyager dans le privé.
La date du 15 mars a été retenue pour la clôture des inscriptions. Pourquoi avez-vous prorogé encore le délai ?
Vu que d'abord, les Sénégalais n'avaient pas l'habitude de l'ouverture très tôt des inscriptions et vu aussi que les voyagistes privés n'ont pas encore atteint leur quota, on a jugé nécessaire de prolonger le délai jusqu'à la fin du mois, c'est à dire le 31 mars. Vous savez, le quota que l'Arabie saoudite attribue au Sénégal en termes de pèlerins tourne autour de 12.860. L'État, à travers la Dgp, ne prend en charge qu'un nombre restreint de 1.860 pèlerins. Et cela fait que la délégation atteint rapidement son nombre. La majorité de la communauté des pèlerins voyage avec le privé. C'est pourquoi un délai supplémentaire leur est accordé. Quand bien même, on a procédé à deux prolongations.
Par ailleurs, je dois dire que ce quota de 12.860 pèlerins que l'Arabie Saoudite accorde à notre pays est inférieur à la demande et doit être augmenté en raison de l'augmentation de la population de notre pays. On a déjà fait la demande auprès des autorités saoudiennes et nous espérons que, dans les prochaines années, nous aurons un quota beaucoup plus important.
Êtes-vous optimiste que ce quota sera augmenté ?
Oui bien sûr. Si un pays justifie la nécessité d'une augmentation de son quota de pèlerins par le fait que sa population a augmenté, il n'y a rien qui s'oppose à l'acceptation de la demande. Donc, nous pouvons nous attendre à l'augmentation du quota du Sénégal qui pourrait passer à 15.000 voire 18.000 pèlerins dans les années à venir.
Quels sont les avancées dans l'organisation, l'enrôlement et les visites médicales des pèlerins ?
Cette année, nous avons apporté beaucoup d'innovations dans l'organisation du pèlerinage. D'habitude, tous les pèlerins du Sénégal venaient ici au niveau de la Délégation pour l'inscription, la visite médicale, le paiement bancaire, etc. Ce qui faisait qu'il y avait toujours un monde fou avec des difficultés pour les pèlerins et des problèmes de sécurité notamment. Imaginez des rassemblements de plus 400 personnes tous les jours et que chacune avec plus de 4 millions de FCfa par devers elle. C'est pourquoi, on a décidé de décentraliser une partie de la procédure.
Avec l'appui du ministère de la Santé, les pèlerins peuvent désormais effectuer la visite médicale au niveau de leur région d'origine. Il en est de même pour le paiement bancaire. La collaboration avec la Banque islamique permet de faciliter le paiement aux pèlerins. Ils peuvent faire un premier acompte où qu'ils se trouvent et lors de la finalisation de l'inscription le pèlerin complétera.
L'autre nouveauté est que nous comptons faire de sorte que les pèlerins ne puissent durer longtemps à la Mecque. Les autorités en ont fait la demande pour que notre séjour à la Mecque soit écourté. Ainsi comptons-nous cette année ne pas faire plus d'un mois à la Mecque pour le pèlerinage.
Pourquoi cela ?
Vous savez l'expérience sert à quelque chose et nous nous sommes rendu compte que nos compatriotes, après leur pèlerinage, passent leur temps avant le retour à acheter divers objets. Certains gaspillent beaucoup d'argent dans les achats. Ils commencent à acheter à Médine et arrivés à La Mecque, ils continuent leurs achats jusqu'à ne plus avoir aucun sou. Pour leur éviter ces gaspillages, nous comptons ne pas leur donner assez de temps. Il y a le fait que certains fonctionnaires ou professionnels préfèrent rentrer aussitôt le Hajj terminé pour reprendre leur service. C'est pourquoi inch Allah (S'il plait à Dieu) nous ne comptons pas durer à la Mecque.
Vous comptez mobiliser combien de compagnies aériennes pour l'acheminement des pèlerins ?
Cela fait aussi partie des innovations. Dans le passé, il n'y avait qu'une compagnie saoudienne qui se chargeait de l'acheminement de nos pèlerins. Mais la compagnie nationale Air Sénégal, depuis quelques années, manifeste son intérêt de contribuer au pèlerinage. C'est pourquoi, cette année, on a deux compagnies aériennes qui vont concourir à l'acheminement des pèlerins. Chacune d'elles va se charger du transport de la moitié des pèlerins.
On peut dire que tout se déroule normalement et qu'on s'achemine vers un bon pèlerinage s'il plait à Dieu. Nous remercions les autorités, notamment le président de la République et le nouveau Ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, qui apporte déjà son soutien pour un bon pèlerinage.