Togo: Révision constitutionnelle au pays - Que peut faire encore l'opposition politique ?

L'opposition togolaise est vent debout après l'adoption d'une nouvelle Constitution. Entre indignation, mécontentement et protestation, la classe politique n'a pas manqué de donner de la voix. Et elle fait montre de toute sa détermination à faire échouer ce changement constitutionnel qu'elle juge «illégal» et «non inclusif». Ainsi, au cours d'une conférence de presse qui a été empêchée trois fois d'affilée dans la journée du 27 mars dernier, à trois endroits différents, par les forces de l'ordre, des partis d'opposition, accompagnés d'Organisations de la société civile (OSC), ont appelé à manifester pour empêcher le président de la République de promulguer la nouvelle Constitution qui, faut-il le rappeler, prévoit de faire passer le Togo d'un régime présidentiel à un régime parlementaire.

Toute chose qui pourrait aussi prolonger le mandat du président Faure Gnassingbé jusqu'en 2031. C'est surtout ce dernier détail qui constitue le noeud du problème, puisque l'opposition togolaise redoute, avec ce changement constitutionnel, un règne à vie de Gnassingbé-fils, à l'instar de son père qui est mort au pouvoir après y avoir passé plus de 37 ans. Cette crainte est d'autant justifiée que c'est un véritable boulevard qui s'ouvre à l'enfant d'Afagnan pour se faire élire à la tête de l'Etat, si le choix du président de la République revient au Parlement.

L'opposition est en train de payer cher le prix de sa compromission

Pour cause, cette institution se comporte plus comme une caisse de résonnance du pouvoir plutôt que d'être la vraie Représentation nationale qui traduit les aspirations profondes du peuple. L'adoption facile de loi portant nouvelle Constitution, introduite par les députés du parti au pouvoir, est assez illustrative de cette réalité qui existe malheureusement, dans bien des pays africains où ces institutions ne sont pas assez solides pour se sortir du diktat des princes régnants. Or, tant que ces Assemblées nationales continueront à être dominées par les tenants du pouvoir et leurs soutiens, tout y passera comme lettre à la poste. Le combat de l'opposition, qui rue dans les brancards pour dénoncer une monarchisation du pouvoir au Togo, semble donc juste.

Cependant, bien que soutenue par une partie de la société civile, mais aussi par des religieux, que peut encore cette opposition face à la volonté de changement constitutionnel du tout puissant Gnassingbé qui est en train de marcher dans les pas de son père? Réussira-t-elle à faire échouer la promulgation de la nouvelle Constitution ? Rien n'est moins sûr d'autant que le plus dur a déjà été fait avec l'onction des députés. C'est dire si les chances de réussite de l'opposition sont minces face à ce président qui, comme son père, a travaillé et réussi à fragiliser, à son avantage, la classe politique. Si fait que cette dernière a même perdu toute crédibilité aux yeux du peuple qui a été plusieurs fois déçu de son incapacité à s'assumer devant l'histoire. En tout état de cause, mobiliser, dans ces conditions, une jeunesse qui s'est souvent estimée utilisée comme bouclier, reste une autre paire de manches pour l'opposition qui, assurément, est en train de payer cher le prix de sa renonciation au combat démocratique voire de sa compromission au régime.

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