C'est un fait. Plusieurs aspects de la vie de notre pays sont affectés par la situation d'insécurité qu'il subit depuis quelques temps. A tel point que ce qui est traditionnellement appelé « messe de minuit » pour Noël ou la vigile pascale se célèbre parfois à 15 heures ou 17 heures dans certaines localités, du fait de l'insécurité, bien entendu. Malgré tout, ce message nous parvient du Tombeau vide :« Ne craignez pas, n'ayez pas peur, ne soyez pas dans l'angoisse ! Le Crucifié est ressuscité et vous précède ! » C'est là le cœur de la foi chrétienne : « Espérer contre toute espérance ».
A y voir de près, la vie de Jésus de Nazareth semble se terminer par un échec avec sa crucifixion sur la croix. Toutefois, sa résurrection le troisième jour en dit tout autre chose. Comme quoi, c'est souvent du fond de l'échec que jaillit la victoire, au creux de l'angoisse que naît l'espérance. Et l'espérance ici est celle de nos corps mortels ainsi promis à la résurrection pour la vie éternelle. En effet, la résurrection du Christ ne permet pas seulement de passer des ténèbres à la lumière, elle permet, dans la foi, de faire l'expérience de la lumière, même dans les ténèbres les plus sombres. Dans cette perspective, Pâques porte ou apporte un message universel d'espérance en donnant de comprendre que toute situation difficile s'ouvre sur un passage vers un état plus lumineux. C'est là le message solennel réjouissant de la Pâques.
Dans ce sens, je ne résiste pas à la tentation de rappeler ici le
message de pâques 2018 des évêques du Burkina invitant à la vivre sous le signe de l'espérance, de l'unité, de la solidarité, de la prière et de l'engagement. Aux numéros 4 et 5, ils disent ceci : « La joie de Pâques ne nous fera certes pas oublier les problèmes que nous vivons dans nos familles et dans notre pays. Mais le Christ Ressuscité vient les transfigurer par sa lumière. En effet, il nous donne la force nécessaire pour les surmonter et pour ouvrir dans nos vies des chemins d'espérance et de renouveau. C'est au cœur de nos réalités humaines faites d'ombres et de lumière que nous devons vivre notre joie de ressuscités en Christ et à témoigner de la résilience dont la foi et l'espérance nous rendent capables ».
Une chose est sûre, pour les croyants, Pâques est un moment de réflexion et de gratitude pour le sacrifice de Jésus et sa résurrection. C'est un temps pour se rappeler la puissance de l'amour de Dieu et l'espoir qu'il offre à tous ceux qui croient en lui. En outre, Pâques est une occasion de renouveler sa foi et de se rappeler que la vie éternelle est accessible à tous ceux qui ont la foi en Jésus. Ainsi, la vigile pascale nous fait revivre de l'amour gratuit du Seigneur, venant nous chercher là où nous en sommes, souvent du côté de la mort et du péché, nous donnant la parole pour, une fois encore, confesser la foi au Christ mort et ressuscité. Telle est la signification profonde de ce que nous appelons rénovation ou renouvellement des promesses baptismales dans la nuit de Pâques. Et en le faisant chaque année, nous ne promettons pas de croire, nous répondons que « nous croyons ». C'est ensuite alors de notre responsabilité que de faire concorder notre cœur avec notre voix.
En rappel, lors du baptême, le baptisé fait une alliance avec Dieu, c'est-à-dire une promesse réciproque. Il promet de faire certaines choses au quotidien. Cette promesse est double. « Il renonce d'une part à Satan, à ses œuvres et ses séductions et il professe sa foi en Dieu le Père, en Jésus Christ et en l'Esprit saint.
C'est un engagement qui le rend apte à recevoir de Dieu la vie de la grâce. Cet engagement s'applique toute la vie du baptisé et représente la disponibilité du baptisé à vivre conformément au sacrement qu'il reçoit ». De ce fait, même si nous traversons des moments difficiles, la joie de Pâques reste entière. Car le cœur de la foi chrétienne se situe là précisément : croire l'incroyable, aimer le non-aimable, espérer contre toute espérance. Oui, la foi, l'espérance et l'amour sont possibles seulement si l'on croit à la résurrection. C'est dire que notre célébration de la Résurrection nous invite chaque année à aller au-delà de la surface des choses, des rites et même de nos alléluias de Pâques, pour chercher au plus fond de notre foi la raison de notre espérance et de notre amour, et, en dernière analyse, de notre joie pascale. Pour les chrétiens, la résurrection de Jésus représente une victoire sur la mort et le mal, une source d'inspiration et de courage pour affronter les défis de la vie.
Si l'on dit que Pâques est le cœur de la foi chrétienne, c'est parce que c'est à partir de la lumière pascale que le chrétien est appelé à croire l'incroyable, à aimer le non-aimable et à espérer contre toute espérance. De fait, la foi, l'espérance et l'amour ne sont possibles que si l'on croit à la résurrection. Alors, ni la mort ni l'enfer n'auront le dernier mot. Il revient au Ressuscité, victorieux de la mort et de l'enfer. Dans ce sens donc la Pâques en tant que célébration du mystère de l'amour de Dieu - un amour plus fort que la mort -, veut faire du chrétien et même de tout homme de bonne volonté, un être capable d'aimer comme le Christ lui-même l'a aimé : un amour jusqu'au bout quoiqu'il en coûte.
Dès lors, la Pâques ouvre pour tous, l'horizon de la vie éternelle : que cette Pâques soit alors une Pâques d'espérance pour tous. Vraiment pour tous, sans exception !