Les événements qui se sont déroulés au Sénégal ces dernières semaines ont tenu en haleine l'Afrique entière et en particulier l'Afrique francophone : l'avenir de la démocratie au Sénégal était en train de se jouer et malheureusement certains ont souhaité la voir chuter et même disparaitre afin qu'elle ne soit pas un «mauvais exemple» pour les régimes autoritaires qui souhaitent s'affranchir de ce qui est pour eux un obstacle à leurs intérêts : la démocratie ! Beaucoup d'autres, en revanche, et j'en étais, ont tremblé de voir le Sénégal, terre d'exemple en la matière, reculer et peut être même chuter ! C'était sans compter sur le Peuple sénégalais et surtout son Conseil Constitutionnel qui ont joué pleinement leur rôle et ont préservé la démocratie au Sénégal.
Un nouveau Président de la République a été élu à l'issue d'élections jugées libres et transparentes, encore une fois le peuple sénégalais a fait la démonstration de sa maturité, et de son sens de la République.
Le Président élu, a trois missions principales : il est garant de l'unité nationale et de l'intégrité du territoire ; il a une mission de protection des populations ; il veille au respect de la Constitution, tout ceci sous l'oeil vigilant du Peuple et de ses Représentants.
Ce qui s'est passé au Sénégal est source de fierté mais aussi de leçons pour l'Afrique mais par dessus tout, source d'espoir pour l'Afrique.
La première leçon est l'importance de la culture démocratique dans un Etat, le peuple sénégalais en a fait la démonstration ; il a fait la démonstration de son attachement aux principes démocratiques, de son attachement à son pays le Sénégal, et de sa maturité.
La deuxième leçon est l'importance de la justice. Une justice indépendante est le cœur de la démocratie ; sans justice, sans respect des textes et en particulier de la Loi Fondamentale, la démocratie est une coquille vide : le Conseil Constitutionnel sénégalais a rempli cette exigence d'indépendance et a ainsi rempli sa mission.
La troisième leçon est l'importance d'une Institution constitutionnelle forte mais également d'Hommes forts au sein de cette Institution, forts dans le sens noble du terme c'est-à-dire, des hommes et des femmes courageux, compétents, intègres et dotés d'une grande sagesse. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'on a coutume d'appeler les membres des juridictions constitutionnelles «les Sages» !
Par-dessus tout, ce qui s'est passé au Sénégal, est source d'ESPOIR pour tous les Peuples Africains afin que ceux-ci s'approprient leur souveraineté et comprennent ainsi que les pouvoirs que détiennent leurs dirigeants n'ont qu'une source en démocratie : le mandat que leurs peuples leur ont donné, de gérer et administrer l'Etat en leur nom et selon leur volonté exprimée dans la Constitution. Et c'est pour cette raison qu'ils ont institué un gardien chargé de veiller au respect des termes de ce mandat: la Juridiction Constitutionnelle.
Bravo au peuple sénégalais et à son Conseil Constitutionnel, nous en sommes fiers !
Ancienne Présidente de la Cour Constitutionnelle