Arrêté lundi soir, Étienne Fabaka Sissoko a été présenté mercredi 27 mars au procureur du Pôle judiciaire anti-cybercriminalité. Il est notamment accusé d'« atteinte au crédit de l'État ». Sa défense dénonce un énième procès politique.
« Atteinte au crédit de l'État », « injures », « propos et nouvelles fausses mensongèrement attribuées à des tiers, faites de mauvaise foi et de nature à troubler la paix publique ». Les préventions retenues contre Étienne Fakaba Sissoko sont liées au livre qu'il a publié en décembre dernier, il y a quatre mois : « Propagande, agitation, harcèlement : la communication gouvernementale pendant la Transition au Mali. » Selon son avocat, sont notamment en cause les passages où l'économiste malien pointe l'action des « vidéomen », ces activistes à la solde du pouvoir et qui, aux yeux de l'auteur, décrédibilisent la parole publique.
Sollicité par RFI, le procureur du pôle judiciaire anti-cybercriminalité n'a pas souhaité préciser ni commenter. Mais pour Maître Ibrahim Marouf Sacko, il s'agit d'un nouveau procès politique.
« Il ne se reproche rien »
Étienne Fakaba Sissoko a récemment rejoint le parti Parena. Le jour de son arrestation, il avait publié un message sur les réseaux sociaux demandant à la Cour constitutionnelle de jouer son rôle démocratique, alors que la période de Transition a officiellement pris fin avant-hier mardi 26 mars dernier. « Nous sommes dans une situation inédite, estime son avocat. Étienne Fakaba Sissoko dérange, alors on veut le faire taire en attendant que la bourrasque passe. »
Selon l'avocat, l'infraction d'« atteinte au crédit de l'État » serait régulièrement utilisée, à mauvais escient juridiquement, contre les voix trop discordantes.
Étienne Fakaba Sissoko avait déjà passé six mois en prison, il y a deux ans. Il avait été libéré sans qu'aucune décision de justice soit prononcée. À l'époque, il était bien passé devant le juge mais les conclusions avaient été remises à plus tard et la procédure n'était finalement jamais allée à son terme. Son nouveau procès doit avoir lieu le 6 mai prochain.
« Son moral est bon, conclut Maître Ibrahim Marouf Sacko. Il sait ce qui lui arrive, il ne se reproche rien, il fait face dignement. »