Rabat — Le Maroc a réalisé ces dernières années des progrès significatifs en matière d'inclusion des personnes en situation de handicap et de promotion de leurs droits, à travers l'élaboration de politiques publiques et de programmes nationaux ciblés.
La Journée nationale des personnes en situation de handicap, célébrée le 30 mars, est l'occasion de s'arrêter sur ces avancées mais aussi sur les défis qui restent encore à relever dans ce domaine, notamment en ce qui concerne l'interaction des composantes de la société avec les acquis et réalisations tangibles dédiés aux personnes à besoins spécifiques.
À cet égard, le secrétaire général de l'association La Colombe Blanche pour la protection des personnes en situation de handicap, Ahmed Aidani, estime que les législations d'intégration des personnes en situation de handicap dans le pays connaissent une certaine tendance positive à faire perpétuer, notant que son association a pour mission de plaider l'approche droit face à l'approche caritative qui a régné par le passé.
Dans une déclaration à la MAP, il a relevé que la cause des personnes en situation de handicap a pris "un point d'inflexion à l'issue de la déclaration du 30 Mars 2007, un changement conditionné à la fois par un courage de surmonter les défis et de réussir les enjeux politiques et socioéconomiques, notamment la nécessité de politiques publiques plus inclusives, d'une meilleure accessibilité à l'emploi, et d'une sensibilisation accrue pour favoriser l'intégration et l'égalité de ces personnes dans la société marocaine".
"Ce progrès est mesuré par un puissant arsenal juridique, le Royaume ayant imposé une législation interne, notamment la présentation de son deuxième rapport périodique au Comité des droits des personnes handicapées et la publication de la loi cadre 97-13, pour ainsi dire que la volonté politique est bien présente", a-t-il souligné.
Ces progrès législatifs nécessitent en revanche, selon lui, une mise en pratique du contenu incluant le renforcement de la participation de cette catégorie, la sensibilisation de l'ensemble de la société et l'introduction de sanctions, pour une lutte plus efficace contre les stéréotypes, les préjugés et les pratiques dangereuses à l'égard des personnes en situation de handicap.
M. Aidani a, à cet égard, relevé la pertinence du Programme national de l'éducation inclusive pour les enfants en situation de handicap à l'horizon 2028, une initiative qui vise "plutôt l'inclusion que l'intégration, qui ouvre le droit à la singularité et à la différence".
Pour sa part, la psychothérapeute Rokia El Houri a mis en avant les progrès tangibles réalisés, à la faveur notamment des programmes de soutien et d'intégration au profit de cette catégorie, en particulier ceux liés au développement de leurs compétences et à la subvention à leurs besoins en assurant leur autonomie et bien-être mental.
Mme El Houri a, en outre, souligné la nécessité de distinguer entre les types de handicap, avec davantage de concertation des spécialistes pour présenter un diagnostic précis à toute nuance de handicap, et de fournir les méthodes appropriées de traitement, d'accompagnement et de soutien.
Elle a mis en garde, par ailleurs, qu'un regard "négatif" de la société sur les personnes à besoins spécifiques est susceptible d'entraîner des troubles psychologiques et comportementaux chez cette catégorie, en l'occurrence des instances d'anxiété, des attaques de panique, d'agression, de manque de concentration et de manque de confiance en soi", rappelant que "cette catégorie fait souvent face à une marginalisation sociale et des difficultés liées à l'accessibilité, au manque d'inclusion dans la société et également à l'accès au marché du travail".
D'un point de vue psychologique, Mme El Houri a fait savoir que le spécialiste, dans un premier temps, diagnostique le cas et détermine le type de handicap, sa gravité et ses répercussions, à travers un certain nombre de tests cliniques, afin de déterminer la méthode appropriée de soutien psychologique et thérapeutique.
A ses yeux, la prise en charge psychique est un axe nécessaire pour accommoder le comportement des personnes en situation de handicap, l'objectif étant de favoriser l'autonomie et la confiance en soi, et de réduire certains symptômes du cas, par le biais de psychologie analytique, de thérapie humaniste, de biopsychologie et de thérapie cognitivo-comportementale.
"L'inclusion et l'accompagnement nécessitent des études académiques de terrain, notamment au niveau rural, en vue d'apporter le soutien essentiel et de fournir tous les services médicaux, sociaux et psychologiques", a-t-elle conclu.
Célébrée au Maroc le 30 mars de chaque année, la Journée nationale des personnes en situation de handicap, est l'occasion propice pour les différents intervenants, y compris les institutions gouvernementales et les acteurs de la société civile, d'évaluer les politiques publiques et les stratégies nationales visant à intégrer cette catégorie dans le tissu sociétal et institutionnel aux niveaux international et national.
C'est aussi un rendez-vous incontournable pour mettre en évidence l'importance d'améliorer les conditions des personnes en situation de handicap sur tous les niveaux, ainsi qu'une occasion de sensibiliser l'opinion publique aux défis quotidiens qu'affrontent ces personnes, et d'oeuvrer à surmonter tous les obstacles liés à leur vie sociale, économique, culturelle et juridique.