Christian Kwongang, étudiant camerounais à Tunis, a refait surface jeudi 28 mars. Le jour de sa disparition, le jeune homme s'était rendu dans un poste de police de Tunis en vue de renouveler son titre de séjour selon ses amis qui ont ensuite perdu le contact avec lui.
Après dix jours passés sans nouvelles de lui - il avait disparu le 19 mars dernier -, les amis de Christian Kwongang ont appris qu'il a été libéré et installé dans un hôtel.
Salsabil Chellali, directrice du bureau de Human Rights Watch, à Tunis oscille entre soulagement et inquiétude : « Le transfert de Christian du centre de Ouardia vers un hôtel de la capitale est un retournement de situation tout à fait inattendu. Plus le fait qu'il n'ait pas eu d'informations précises sur sa situation. Il y a aujourd'hui des craintes qu'il soit de nouveau ciblé par les forces de sécurité s'il venait à quitter l'hôtel, qu'il soit de nouveau détenu de façon arbitraire. »
Ancien président de l'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie, Christian Kwongang avait participé ces derniers mois à des actions en vue de défendre certains de ses camarades subsahariens alors que la Tunisie a été secouée par des vagues de violences anti-noirs.
Pendant son arrestation, la police l'a interrogé sur ses activités militantes, selon Salsabil Chellali. « Il faut replacer l'arrestation de Christian dans un contexte plus général de rétrécissement de l'espace civique en Tunisie avec les autorités qui sont déterminées à museler toute critique et en même temps les sérieux abus qui sont infligés aux étrangers africains noirs, aux migrants et demandeurs d'asile depuis plus d'une année », déplore la militante des droits humains.
Fréquemment dans l'incapacité d'obtenir des titres de séjour à temps du fait de lourdeurs administratives récurrentes, les étudiants subsahariens établis en Tunisie comme Christian Kwongang vivent, pour certains, au quotidien avec la menace d'expulsion.