La Haute Cour constitutionnelle a déchu de son mandat de députée, et de facto de la présidence de l'Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa. L'ex-cheffe de la Chambre basse ne siégera plus dans l'hémicycle jusqu'aux prochaines élections législatives prévues le 29 mai. En cause, ses récentes prises de positions jugées contraires à la ligne de l'exécutif. Cette sanction fait bondir l'opposition et quelques députés du groupe majoritaire.
La décision a fait l'effet d'une onde de choc. « Mais qui osera encore soutenir que l'on vit actuellement dans un État de droit ? », réagit sur son compte X, Hajo Andrianainarivelo, président du parti d'opposition Malagasy Miara Miainga (MMM).
Même au sein de la majorité, des voix se sont élevées. Le député Paul Bert Rahasimanana - dit Rossy - pointe la « légèreté » d'une décision prise en seulement deux jours, à l'issue d'une audience expéditive à la Haute Cour constitutionnelle.
Jeudi soir, les juges de la Cour ont en effet validé la requête de déchéance déposée par la coalition présidentielle IRD, au titre des récents propos critiques de Christine Razanamahasoa. Une procédure judiciaire que l'opposition estime instrumentalisée à des fins politiques.
Mais pour le camp du pouvoir, il s'agit bien de sanctionner des écarts « répétés » de la ligne de conduite du groupe qui constituent, selon lui, une réelle menace pour la « stabilité » et « la démocratie à Madagascar ».
Coup de force
Joint par RFI, l'avocat de l'ex-cheffe d'institution, maître Rija Rakotomalala y voit un coup de force destiné à court-circuiter la défense. Au lieu d'être traitée en simple députée, sa cliente aurait dû d'abord être déchue de son poste de présidente de l'Assemblée nationale, avant d'être évincée de ses fonctions d'élue, ajoute l'avocat.
Le moment choisi pour annoncer la sanction, juste avant le week-end de Pâques, pendant lequel la vie politique et institutionnelle est à l'arrêt, a privé Christine Razanamahasoa d'une riposte immédiate. Depuis l'annonce de sa déchéance, cette dernière s'est tenue au silence.