Tunisie: Regain de menaces terroristes dans le monde - La Tunisie sur ses gardes

31 Mars 2024

Une jeune femme dépose des fleurs, le 29 mars 2024, devant le Crocus City Hall, la salle de concert en banlieue de Moscou (Russie) visée par un attentat terroriste

De l'Afrique à la Russie, en passant par le Moyen-Orient et l'Asie, les groupes jihadistes ont frappé fort ces jours-ci après une longue éclipse. Pour la Tunisie, comme pour le reste des pays du monde, pas question de baisser les bras..

Que ceux qui ont «juré», il y a un peu plus de deux ans, que le terrorisme a fini par signer son arrêt de mort en Afrique et dans le monde arabe s'empressent de retirer ce pronostic que les derniers développements sur la scène internationale sont venus balayer. Retour à la case départ, aux noires décennies d'un terrorisme alors en pleine ébullition ? Que non, on n'en est pas encore là, mais il va falloir tout faire pour que la même tragédie ne se reproduise plus.

Ils reviennent à la charge

Les derniers développements sur la scène internationale ont sonné le réveil de nombreuses cellules dormantes dépendant des groupes jihadistes. Un réveil à prendre très au sérieux, avertissent déjà des experts occidentaux en la matière. En voici les principales illustrations. La semaine dernière, une attaque d'envergure revendiquée par Daech et visant une salle de concert de la banlieue de Moscou a fait 147 morts dans ce qui s'apparente à un come-back de cette organisation qui était très active dans le Caucase russe. Trois jours après, 17 détenus daechistes, dont neuf caïds, ont pu s'évader d'une prison en Syrie.

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25 mars :deux personnes ont été tuées et cinq autres grièvement blessées lors d'un attentat perpétré au Yémen par Aqpa (Al-Qaïda dans la péninsule arabique). Né en 2009 de la fusion des factions yemenite et saoudienne d'Al-Qaïda, ce groupe qui n'a plus montré le bout du nez depuis 2021, est considéré par les États-Unis comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste sunnite depuis sa prise en main par le puissant caïd Saâd Al Awlaki. En Somalie, le groupe jihadiste Shabab a, depuis le début de l'année en cours, frappé à cinq reprises au coeur même de la capitale Mogadicho, faisant un total de 32 tués.

Dans le même temps, et non loin de là, Boko Haram,fidèle allié de Daech au Nigeria, est revenu récemment à la charge en signant trois attaques meurtrières qui ont coûté la vie à 75 personnes. Toujours en Afrique, la force conjointe dite» G 5 Sahel «créée en 2017 et mobilisant des soldats nigeriens, burkinabe' et maliens, vient de reprendre du service dans le sillage de la résurgence des factions affiliées à Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique). En Afghanistan, l'EI a intensifié, ces dernières semaines, les attentats tant dans la capitale Kaboul qu'au niveau des frontières de ce pays avec le Pakistan et l'Iran. L'alerte a été également donnée dans le Vieux continent.

En effet, outre la décision prise par le Parlement européen de se doter d'une commission spéciale chargée de l'amélioration de la lutte antiterroriste, les Pays-Bas et les pays scandinaves ont lancé une croisade contre les principaux organes de propagande en ligne qu'utilise Daech pour radicaliser les jeunes en Europe. La Suisse, la Grande-Bretagne et l'Espagne, avec la collaboration de la police de l'Oncle Sam, ont multiplié dernièrement descentes et arrestations dans les fiefs des jihadistes, l'objectif étant d'étouffer le mal dans l'oeuf. A son tour, la France a activé son fameux plan «Vigipirate» né au lendemain de la vague d'attentats terroristes qui ont fait, depuis 2015, plus de 250 tués.

Aussi, dans l'Hexagone où la sous-direction antiterroriste (Sdat) et la Direction générale de la sécurité intérieure (Dgsi) sont en charge de ce dossier très sensible, le ministre de l'Interieur a ordonné, la semaine écoulée, le renforcement de la présence policière devant les cathédrales et les synagogues, suite à des menaces jihadistes en lien avec le génocide de Gaza. Un peu plus loin, en Irak et en Syrie, les services de renseignements américains font état d'une possible réapparition de Daech qui serait en train de réorganiser ses rangs qui ont été dispersés depuis sa déroute en 2018 et la disparition de son créateur et chef Abou Bakr Al Baghdadi. Raison pour laquelle le gouvernement irakien et les USA sont aujourd'hui à couteaux tirés, les Américains refusant de mettre fin à la présence de la coalition occidentale qu'ils dirigent depuis sa mise en place en Irak en 2014 dans le but d'empêcher une résurgence de Daech et d'autres groupuscules obscurantistes.

Gare au relâchement

Comme on peut le constater, tout le monde est déjà sur le pied de guerre. Il n'y a pas photo :les menaces terroristes sont redevenues réelles, sérieuses et planétaires. En Tunisie, on ne semble pas près de baisser la garde. Et c'est très bien, quand on sait que deux facteurs potentiellement importants sont à prendre en compte. Primo, le retour au bercail de quelque six mille jihadistes africains (combien de Tunisiens parmi eux ?) qui avaient combattu avec Daech. Ce «missile» a été lancé par le commissaire de l'Union africaine pour la paix et la sécurité, qui a appelé les pays du continent à se préparer «fermement» à la gestion de ces retours.

Secundo, il se pourrait -- et cela s'est produit par le passé à maintes reprises dans plusieurs pays -- que des terroristes tentent de «venger» leurs compagnons de route impliqués dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd et qui ont été jugés récemment. L'esprit revanchard, on le sait, est l'un des fondements sur lesquels se base l'idéologie de l'internationale jihadiste. Qu'à cela ne tienne, puisque nos unités sécuritaires, constamment sur le qui - vive 24 heures sur 24, ne cessent de marquer des points.

En ce sens que la semaine dernière a enregistré l'arrestation coup sur coup à Sidi Bouzid et El Fahs de deux dangereux daechistes activement recherchés. Ils rejoignent ainsi les six autres loups solitaires neutralisés dès le mois de janvier 2024. D'autres suivront, oserions-nous parier, d'abord, parce que nos forces de sécurité, sous l'impulsion de la très respectueuse BAT (brigade antiterroriste) d'El Aouina ne cessent de gagner en efficacité en matière de surveillance, de filature et d'investigation. Ensuite, parce que l'Etat ne lésine pas sur les moyens pour mener à bien ce combat aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.

En effet, la Tunisie a abrité, fin février, la 41e édition du Conseil des ministres arabes de l'Interieur qui a, entre autres questions à l'ordre du jour, débattu de l'hydre noire. Début février, notre pays a participé en Arabie saoudite à la 2e réunion du Conseil des ministres de la Défense de la coalition islamique militaire chargée de la lutte contre le terrorisme. Fin janvier, le ministre de l'Interieur était à Alger dans le cadre des efforts déployés par la Commission mixte et de la coopération transfrontaliere. Parallèlement au coup de fouet donné aux échanges de données sécuritaires avec les pays frères et amis, le Comité national de lutte contre le terrorisme vient d'élaborer les étapes de la mise en oeuvre de «la stratégie nationale de lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme 2023-2027» qui a été approuvée dernièrement par le Président de la République. Un état averti...

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