Burkina Faso: Le gouvernement de transition prolonge d'un an l'ordre de «mobilisation générale»

Au Burkina-Faso, la situation sécuritaire et celle des droits de l'homme se dégrade de jour en jour. Face à une situation sociale et sécuritaire plus qu'instables, les autorités de la transition ont décidé de proroger, d'une année supplémentaire, l'ordre de « mobilisation générale ».

« Consolider les acquis et poursuivre la lutte contre le terrorisme », c'est l'argument invoqué, mercredi 24 mars, par le gouvernement de transition pour justifier une prolongation du mot d'ordre national de mobilisation générale permettant la réquisition des jeunes de 18 ans et plus, aptes à s'enrôler, en fonction des besoins militaires du moment.

Cette prorogation peut se justifier tant les attaques terroristes ou encore les blocus de certaines provinces sont nombreux et répétitifs. Dernier exemple en date, celui de la province du Yagha, au nord-est du Burkina, hors de contrôle des forces régulières.

Ces situations poussent certaines familles à fuir, faute de ravitaillement en nourriture et en médicaments. Ainsi, ce week-end, de nombreuses mères de famille de Solhan ont décidé de quitter cette commune du nord-est pour marcher jusqu'à Pouytenga, à plus d'une centaine de km au sud, pour y trouver de quoi nourrir et soigner leurs enfants.

Ces zones de non-droit illustrent la limite du plan de lutte anti-terroriste des autorités de Ouagadougou. L'option de la mobilisation générale donnant lieu, par ailleurs, à des abus et à des réquisitions forcées de personnalités burkinabè, ce que dénoncent fortement les organisations de la société civile.

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Nécessité d'enquêtes approfondies et transparentes

Au sujet de la situation sécuritaire et des droits de l'Homme au Burkina-Faso, Volker Turk, Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme a jugé la « situation plus qu'alarmante », lors de sa visite à Ouagadougou. Si les jihadistes sont responsables de bon nombre de massacres de civils dans le pays, les forces loyalistes burkinabè ne sont pas exemptes de critiques concernant des expéditions punitives dans certains villages. À cela s'ajoute des arrestations arbitraires de personnalités politiques ou des défenseurs des droits de l'homme qui se montrent un peu trop critiques vis-à-vis du pouvoir de transition, autant d'éléments qui alarment Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme des Nations unies.

Les autorités nous ont assuré qu'il est nécessaire que le comportement des Forces de sécurité et des VDP [Volontaires de la défense de la patrie] soient pleinement conformes au droit international humanitaire. Il se trouve qu'il y a toujours des violations et c'est pour cela qu'il est très important de mener des enquêtes aprofondies et transparentes pour que la population puisse comprendre qu'il n'y a pas eu un climat d'impunité mais un climat de droit et d'ordre. Si on ne fait pas cela, on va perpétuer des cycles de violence sans arrêt.

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