Sénégal: Dr Momar Thiam, conseiller en communication et directeur de l'école HEIC de Dakar - « Cette présidentielle a eu une tournure de référendum pour la rupture et contre la continuité »

Momar Thiam, conseiller en communication et directeur de l'école HEIC de Dakar est formel : le scrutin présidentiel du 24 mars peut être qualifié de « référendum ». Au de ses résultats et de ses divers contours (taux de participation, vote utile, soubassement socio-politique). Il était l'invité de l'émission Objection de Sud Fm, dimanche 31 mars.

Pour Momar Thiam, l'élection présidentielle de 2024 qui a suscité de nombreuses controverses et tensions, a été marquée par une série de péripéties qui ont remis en question les fondements de la démocratie sénégalaise. Le conseiller en communication et directeur de l'école HEIC qui a évoqué tous ces défis lors de son intervention à l'émission « Objection » sur la radio Sud Fm, s'est voulu explicite. « La démocratie au Sénégal a été secouée, malmenée par des pratiques. Je veux parler des libertés publiques, par exemple le droit de manifester qui est inscrit dans la Constitution. Il faut juste une déclaration alors qu'on a vu autant la société civile que les partis d'opposition qui appelaient à manifester se sont vus refuser ce droit de manifester ».

Qui plus est, le Dr Momar Thiam a parlé des détentions arbitraires de jeunes et de leaders de l'opposition. « Ensuite, vous avez à côté tout ce qui s'est passé autour de ces jeunes qui sont emprisonnés à tort ou à raison et qui attendaient d'être jugés. Heureusement qu'il y a cette loi d'amnistie qui a participé à leur libération. Vous avez aussi des leaders de l'opposition qui se sont retrouvés en prison comme le cas de Ousmane Sonko, puisque c'est le plus emblématique et de Bassirou Diomaye Faye aujourd'hui qui est devenu président de la République », a-t-il rappelé au micro de Baye Oumar Guèye.

Selon M. Thiam, ces événements ont craquelé la démocratie sénégalaise, traditionnellement considérée comme un modèle dans la région. Cependant, malgré ces défis, l'élection a abouti à « une alternance démocratique » sans précédent, avec Bassirou Diomaye Faye comme nouveau président élu dès le premier tour. Et d'arguer : « Aujourd'hui que tout cela s'est calmé un tout petit peu, on a même l'impression que c'est comme un référendum. 54,28% pour Bassirou Diomaye Faye et 35,79% pour Amadou Ba. Et si vous regardez tout le reste des autres candidats, les 15 ou les 16, ils sont en deçà de 5%. Et c'est quand même quelque chose d'inédit, on a l'impression qu'on est dans un référendum. Cette élection présidentielle a eu une tournure de référendum pour la rupture et contre la continuité. Pour la première fois au Sénégal, une alternance s'est faite au premier tour et un véritable choc ».

À en croire par ailleurs le conseiller en communication, le taux de participation élevé, bien que légèrement inférieur à celui de l'élection précédente en 2019, témoigne de l'engagement et de l'intérêt du peuple sénégalais pour ce processus démocratique crucial. « Parce que si on regarde bien par rapport au taux de participation de 61,30% qui est un tout petit peu inférieur au taux de participation en 2019 qui a consacré la seconde victoire de Macky Sall pour un second mandat qui avait reçu, je crois 58%. Mais je veux dire pour le taux de participation de 61%, gagner avec presque 55%, c'est quand même un rouleau compresseur, donc forcément on est amené à croire que le peuple sénégalais a fait un vote utile parce que sur 19 candidats vous avez 2 qui sortent du lot et le reste, quand même, excusez-moi du terme, a des miettes », a soutenu Momar Thiam.

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