Le 5e président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a été officiellement installé dans ses fonctions par le Conseil constitutionnel hier, mardi 2 avril 2024. Dans son discours, le Président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, qui recevait le serment du chef de l'Exécutif, a répondu aux attaques contre son institution, rappelé au président élu ses devoirs envers le peuple et magnifié la résilience de la démocratie sénégalaise.
Mamadou Badio Camara a profité de l'investiture du président de la République nouvellement élu, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, pour répondre aux attaques contre l'institution qu'il dirige. «Le Conseil constitutionnel, face à ceux qui ont tenté de le déstabiliser par des moyens non conventionnels, a, au nom du peuple, dit le droit, sans haine ni crante», affirme-t-il. Le Sénégal n'a jamais connu une crise institutionnelle, juge-t-il. «Le président de la République et son gouvernement, tout comme l'Assemblée nationale, ont toujours accepté de se soumettre à nos décisions. C'est dire qu'il n'y a pas une crise institutionnelle, mais une volonté commune de ne jamais sortir du cadre délimité par la Constitution».
Selon lui, le suffrage des Sénégalais est le seul moyen de sortir des situations politiques tendues. «Des amis en Afrique nous disent souvent que chaque fois que le pire est prédit au Sénégal, en raison de fortes tensions et d'animosités exacerbées, les Sénégalais arrivent toujours à retomber sur leurs pieds, comme si de rien n'était. Forts de ce constat, ils nous demandent : mais quel est donc votre secret ? A mon avis, le secret est dans le bulletin de vote», a dit Mamadou Badio Camara. Le président du Conseil constitutionnel affirme ainsi que, «dans leur intime conviction et la claire conscience, des citoyens électeurs, peuvent, avec leurs bulletins de vote, changer décisivement le cours de leur destin, dès lors que l'administration et les organes de contrôle du processus électoral ont fait la preuve de leur professionnalisme, sous le contrôle d'une justice impartiale.»
...ET RAPPELLE A BASSIROU DIOMAYE FAYE SES DEVOIRS ENVERS LE PEUPLE
Avant de recevoir le serment de l'actuel président de la République, Bassirou Diomaye Faye, le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, lui a rappelé qu'il est, «le choix incontestable et éclatant du peuple sénégalais et symbolise la volonté de notre peuple de changer de paradigme dans sa gouvernance et de génération dans son gouvernement.» Selon toujours Mamadou Badio Camara, «il porte sur ses épaules les espoirs de toute une nation, en particulier de ces jeunes hommes et jeunes femmes, accompagnés parfois d'enfants, dont l'aspiration à un travail digne et une vie décente est encore intacte, au point de risquer leurs vies en affrontant les océans ou l'immensité des sables du désert, dans une quête tragique et souvent illusoire d'une vie meilleure».
Dans ses conseils à Bassirou Diomaye Faye, Mamadou Badio Camara relève qu'«à l'heure où surgiront les inévitables tentations du pouvoir, l'ivresse de la puissance, les démons de la division, il faudra se souvenir de la main de Dieu, dont la volonté domine et détermine inéluctablement les moments que nous vivons». En rappelant au nouveau locataire du Palais de la République qu'il est désormais le garant de la démocratie sénégalaise, du respect des institutions, des droits et libertés, gage de la stabilité de l'État et de l'unité du peuple, le président du Conseil constitutionnel a souhaité que, «le Sénégal soit épargné de toutes les turpitudes, surtout en cette vielle d'exploitation future du pétrole et du gaz».
LA PRESIDENTIELLE, UN COUP DE MAITRE !
Le dénouement pacifique, malgré le climat délétère qui a précédé les élections présidentielles du 24 mars dernier, symbolise la tradition démocratique connue des Sénégalais. «Les circonstances particulières qui ont entouré la tenue de l'élection présidentielle ont démontré une résilience particulièrement frappante du peuple sénégalais dans sa majorité», soutient le président du Conseil constitutionnel. Mamadou badio Camara trouve, par ailleurs, que, «le peuple sénégalais, en dépit de perturbations ponctuelles, est résolument adossé à sa tradition de dialogue et de "Teranga". A ce titre, il mérite la stabilité institutionnelle que procure une gestion du processus électoral, marquée du sceau de la transparence et de la sincérité».
Le président du Conseil constitutionnel d'ajouter : «l'élection présidentielle, qu'on croyait définitivement compromise, a pu se tenir, même dans un délai réduit, sans qu'aucune irrégularité de nature à altérer la crédibilité du scrutin n'ait été notée. Le vainqueur a été clairement identifié dans les heures qui ont suivi la fermeture des bureaux de vote et les félicitations des autres candidats ont suivi, dans la foulée». Mamadou Badio Camara d'affirmer ainsi que, «cela tient presque du miracle, sauf à relever que nos institutions, loin d'être en crise, tiennent debout, dans le cadre de la Constitution, expression la plus achevée de la volonté populaire».
L'élection du président Bassirou Diomaye Faye dans un cours délai traduit, selon lui, «un véritable coup de maître !» A en croire Mamadou Badio Camara, «le dispositif électoral, dans toutes ses composantes, a démontré, une fois encore, sa fiabilité». Ceci est le fruit, «de l'expérience, l'expertise et la neutralité de l'administration électorale et des différents organes de contrôle de la régularité des élections, ainsi qu'à la transparence et la célérité notées à toutes les étapes du recensement des votes, vu qu'aucune contestation n'a été formulée». Les élections apaisées traduisent aussi, «l'engagement du président Macky Sall qui, avec la détermination qu'on lui connait et dans un délai record, a repris en main le processus électoral, avec comme seul objectif : un scrutin apaisé et transparent, quel que soit le vainqueur».
DES ELOGES AU PRESIDENT SORTANT MACKY SALL
Le président du Conseil constitutionnel a été élogieux envers le désormais ancien président de la République, Macky Sall. «Au terme de vos deux mandats au sommet de l'État, obtenus en 2012 puis en 2019, l'histoire retiendra que vous vous êtes abstenu, volontairement et sans aucune contrainte, de solliciter de vos compatriotes un troisième mandat, afin de nous éviter la probabilité d'une source potentielle de troubles intenses. Point n'est besoin de dresser une liste, qui serait kilométrique, de vos réalisations multiformes, puisqu'elles sont visibles», souligne-t-il.
De Macky Sall, Mamadou Badio Camara retient aussi «un excellent garant de l'unité nationale, attribution emblématique que le président de la République tient de la Constitution». Macky Sall a aussi «un attachement viscéral aux élégantes traditions républicaines, issues des principes de la démocratie et de l'État de droit», juge-t-il en faisant allusion aux félicitations adressées à son successeur, Bassirou Diomaye Faye et la convivialité avec laquelle il l'a reçu au Palais de la République, avant même la proclamation des résultats définitifs.