Le secteur des machines à sous ou à jeux d'argent au Burkina Faso intéresse beaucoup de personnes. Cependant, il semble exister dans l'ombre avec à la clé des avantages et des inconvénients. L'ingénieur en exploitation des machines à sous, Mahamadou Konaté que Sidwaya a interviewé revient, entre autres, sur sa propre expérience dans le domaine, ses péripéties et les enjeux liés à ce secteur.
Sidwaya (S) : Vous êtes spécialiste et ingénieur dans l'exploitation des machines à sous ou machines des jeux et loisirs. Dites-nous ce qu'est une machine à sous.
Mahamadou Konaté (M.K.) : Une machine de jeux d'argent (machine à sous) est une arme économique pour celui qui dispose de la technologie de fabrication, de programmation et qui sait mettre en place une politique commerciale judicieusement légale
et orientée pour en vendre et
en exploiter pour se faire énormément de l'argent. Ces machines sont actuellement dans nos Etats africains en si grand nombre, tenues et exploitées majoritairement pour ce que je sais de mon expérience, par des expatriés qui sont très fortunés, leurs pays étant des fournisseurs.
S : Que savez-vous de ce domaine ?
M.K. : Dans le domaine de l'exploitation des machines à sous, la minorité africaine est généralement sous la coupe des « magnats » souvent sous le couvert de nos politiques. C'est pour dire que le milieu est tout simplement verrouillé et considéré même comme mafieux. Nous pouvons dans ce secteur d'activité reprendre les choses en main avec ce vent nouveau de prise de conscience de nos populations et de leur adhésion aux changements véritables que nous apportent les nouveaux régimes anti-impérialistes. Je pense en âme et conscience que c'est un domaine qui a besoin d'être réformé et assaini pour un développement socio-économique harmonieux. Ce domaine qui touche le social doit vraiment amener l'Etat à prendre véritablement les choses en mains, à l'image de la Loterie nationale burkinabè (LONAB) qui est bien organisée.
S : Quelle est votre qualification en matière de machines à sous ?
M.K. : Dans cet univers de machines de jeux d'argent et d'intelligence artificielle, j'ai débuté il y a de cela 20 ans donc, en 2004. Au Burkina Faso, j'ai intégré la première société de jeux en tant que technicien spécialisé dans la réparation des téléphones portables de la société. Au fur et à mesure, le directeur technique avec qui j'ai évolué a vu que mes compétences étaient énormes et j'ai fait valoir par la suite mon diplôme de BEP en électronique.
S : Parlez-nous concrètement de votre expérience professionnelle ?
M.K. : Concrètement, je peux dire qu'aujourd'hui, je suis aguerri dans ce domaine. Je peux également dire que l'expertise que je cherchais à mes débuts, en 2004, pour être technicien complet, est accomplie. La machine à sous n'a aucun secret pour moi, car je connais son fonctionnement, son montage et son assemblage. En outre, je peux apporter de la créativité dans ce domaine en aidant l'Etat à réorganiser le secteur.
S : Donc, votre BEP électronique est tout pour vous ?
M.K. : Evidemment. Je suis rentré dans ce milieu avec mon BEP électronique pour devenir aujourd'hui, ingénieur des machines en sous. Mais, en 2004, quand j'ai fini de travailler avec la première société où je suis sorti en 2007, j'ai pratiquement travaillé avec le peu d'expérience créatrice, parce que je n'étais pas encore mature. Après le Burkina Faso, j'ai connu un peu l'aventure au Mali et en Belgique pour revenir ensuite au Tchad. Mais, je tiens à rappeler qu'en quittant le Burkina Faso, certes, je n'étais qu'un simple technicien, mais j'avais atteint un niveau où j'avais la responsabilité des grosses machines. C'est ainsi que j'ai été rappelé de la Belgique pour occuper au Tchad, le poste de directeur technique dans une entreprise pendant neuf mois. Malheureusement, les termes de contrat n'ont pas été respectés concernant, entre autres, la prise en charge de la scolarité de mes enfants.
S : Parlez-nous un peu de l'importation des machines à sous au Burkina
M.K. : Au Burkina Faso, à ma connaissance, on peut dénombrer en moyenne plus de dix mille machines de jeux d'argent (machines à sous) disposées dans les salles de jeux des différentes sociétés d'exploitation dites légalement implantées. Il n'y a jusqu'à présent ni une entreprise de fabrication ou d'assemblage de machines de jeux d'argent au Burkina Faso, ni dans aucun pays dans la sous-région. Toutes ces machines ont donc été importées d'Europe et sont supposées être dédouanées. Ce qui allait permettre à l'Etat d'avoir des numéros de séries par machine pour les paiements des taxes par machine par an.
S : Quels sont les avantages et les inconvénients de ces machines
à sous ?
M.K. : Comme avantages, nous pouvons dire avec certitude que les machines à sous permettent aux employés de gagner leur vie même si c'est de l'exploitation de l'homme par l'homme de la part des employeurs. Nous autres qui avons pu travailler dans ce secteur et qui avons gagné nos vies, ne pouvons pas dire le contraire. Ce qui m'a le plus marqué, c'est que j'ai acquis de grandes connaissances dans ce domaine à travers mes expériences et mes formations diverses. Le domaine des machines à sous permet de créer des emplois et de développer l'économie même si le recouvrement des taxes à ce niveau laisse à désirer. Cependant, l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, l'univers des machines à sous a ruiné beaucoup de gens parce que ces derniers jouent mais ils n'ont pas gain de cause ?
S : C'est parce que ces clients n'ont pas la chance ?
M.K. : (Rires). Non, il n'y a pas une histoire de chance ou de hasard dans la machine à sous. Il faut oublier cela. Pour moi, personnellement, avec mon expérience, je dis toujours que la chance ou le hasard n'a rien à voir dans les machines à sous car c'est une intelligence artificielle qui est programmée. Et l'on ne peut pas programmer un appareil qui va te permettre de venir gagner selon la chance. La machine est programmée, elle attend de prendre son pourcentage et de redistribuer l'autre partie du gain. Donc, les machines à sous enregistrent plus de perdants que de gagnants.
S : Quelles sont vos recommandations pour une réorganisation saine de ce secteur ?
M.K. : Je suis prêt aujourd'hui, en tant qu'ingénieur du domaine, à mettre tous les moyens pour aider à assainir le secteur. J'envisage mettre en
place un cabinet de consultation ou une structure associative pour accompagner l'Etat en faisant valoir mon expertise.