Cap-Vert: A l'Atlantic Music Expo, un groupe de musique en hommage au poète Ano Nobo

Au Cap-Vert, depuis lundi 1er avril s'est ouvert pour trois jours l'Atlantic Music Expo, important marché où des artistes présentent leur projet devant des professionnels venus de toute la planète. À cette occasion, rencontre avec un groupe de doyens de l'île de Santiago, des musiciens qui n'ont qu'un idéal : faire entendre une légende de l'archipel, le poète et chanteur Ano Nobo, disparu en 2004.

Pour cette dixième édition du Atlantic Music Expo, au Cap-Vert, et comme chaque année, tous les concerts de l'AME sont gratuits et se tiennent dans la ville de Praia.

Si le surnom de Pascoal, « El bruto », fait référence à son passé de combattant, c'est aussi sur scène un immense bonhomme, au sourire si grand, touchant, attachant. Ainsi qu'une voix, une guitare, pour rendre hommage à son père spirituel, avec son groupe Ano Nobo Quartet. « Ano Nobo, c'est tout ça ensemble, c'est un père, c'est une idole, c'est un maître, un ami. C'est tout ça ensemble », confie Pascoal.

L'histoire dit que le poète et musicien Ano Nobo a écrit et composé près de 400 chansons et autant de poèmes qui ont raconté notamment la lutte pour l'indépendance et l'émancipation des colonies lusophones. C'est cette histoire que Pascoal et ses compagnons souhaitent faire préserver à travers leurs musiques. « Il y a beaucoup d'oeuvres d'indignation, mais beaucoup d'autres ont été censurées par lui-même parce qu'il ne pouvait pas dire certaines choses. »

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Ano Nobo résonne donc aujourd'hui grâce à ce quartet qui porte son nom et qui permet aux jeunes générations de s'approprier ce patrimoine, ce pan de l'histoire du Cap-Vert. « C'était un genre de prophète. Les choses qu'il disait en son temps sont encore valables et vont être encore valables pour le futur. Les jeunes doivent l'entendre », assure Pascoal.

« Mon papa m'a donné des convictions démocratiques »

À Praia, Ste Mandela, un jeune Cap-verdien et chanteur militant, défend et revendique lui aussi le panafricanisme. Son histoire, c'est celle d'un gamin qui a grandi avec un papa si engagé que son fils porte le nom de Mandela. « Mandela, parce que mon père était un révolutionnaire, mon père s'appelle Josselin Dos Santos. Mon papa m'a donné des convictions démocratiques, le droit des peuples », raconte l'artiste.

Un père ouvert sur le monde, né dans un archipel souvent tourné vers les États-Unis et l'Europe, mais qui a abreuvé son fils de références politiques du continent africain. « On parle d'Amilcar Cabral, on parle de Kwame Nkrumah, on parle de Lumumba, voilà. Ce qu'on veut, c'est pour la jeunesse et le peuple capverdien, avoir ces personnages-là comme des références. »

Une tambouille familiale, savant mélange de politique et de musiques qui vont donner à Ste Mandela l'envie de devenir artiste. Stephanni Mandela Dos Santos scrute donc aujourd'hui les soubresauts de l'Afrique de l'Ouest, notamment le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye.

« Ce qu'on voit, c'est que beaucoup de pays et de jeunes Africains ne veulent pas le statu quo, il y a une révolution qui est en cours », estime-t-il. Ste Mandela reprend donc à son compte un idéal de Thomas Sankara : fabriquons, consommons local, Africain.

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