Artisan de la victoire de Bassirou Diomaye Faye, la nomination d'Ousmane Sonko au poste de Premier ministre n'est pas une surprise, rappellent les experts interrogés par la DW.
Le nouveau président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye a nommé au poste de Premier ministre la figure clé de son élection et leader du Pastef, Ousmane Sonko. Pour de nombreux Sénégalais, ce duo devrait faciliter la mise en oeuvre de leur projet commun.
Cette nomination est bien logique et cohérente, selon les Sénégalais interrogés par la DW. "Cela ne nous a pas surpris parce que ce sont les principaux leaders de l'opposition, ici au Sénégal", explique Fatou, agent dans un pressing à Dakar. "Sonko, c'est Diomaye Faye. Avec ces deux ensembles, le Sénégal va changer", ajoute Alex Sylla, qui réside dans le quartier de Liberté 6, à Dakar. Un autre Dakarois, Abdoul Aziz, estime qu'il fallait s'y attendre. "Cela va être le troisième duo du genre au Sénégal. Au début, tout va bien, passe mais après 6, 7, 8, 9 mois, c'est le divorce. Je ne comprends pas mais souhaitons-leur bonne chance", lance-t-il.
Le projet avant les personnalités
Cette nomination d'Ousmane Sonko, ne surprend pas non plus la plupart des observateurs à Dakar. Pour l'analyste politique Jean-Charles Biagui, enseignant chercheur en Sciences politiques à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, Ousmane Sonko est le principal artisan du projet du Pastef. Et, ce duo au sommet de l'Etat est en conformité avec leur projet politique.
"Je pense qu'on gagne du temps avec quelqu'un qui comprend où veut aller le président. Si le président Diomaye veut être en conformité avec son projet, avec tout ce qu'il a dit et avec tout ce que ses partisans ont dit, la question des personnes est moins importante que la question des principes et du projet", estime le politologue.
La question de l'amnistie d'Ousmane Sonko
A la question de savoir si le premier ministre Ousmane Sonko a été amnistié des faits de corruption de la jeunesse pour lesquels il avait été condamné, Jean-Charles Biagui assure que "lorsque vous n'avez pas le pouvoir, lorsque vous êtes dans l'opposition, on vous traite de tous les noms mais lorsque vous avez la réalité du pouvoir, on oublie tout, ou il n'est même plus possible d'en parler. C'est la preuve encore une fois, qu'on avait instrumentalisé la justice. Donc on a perdu beaucoup de temps, et malheureusement, on a eu beaucoup de morts et on a perdu beaucoup de citoyens."
L'amnistie des faits de corruption de la jeunesse est un débat de juristes, un débat juridique qui n'est pas encore sur la table des discussions, précise Jean-Charles Biagui.