Burkina Faso: Ces volontaires qui luttent contre le terrorisme au pays

Lassané Sawadogo, 37 ans, a abandonné son entreprise pour épauler l'armée. De retour du front, il se confie à la DW.

Les dernières expériences de Lassané Sawadogo en tant que supplétif de l'armée burkinabè sur le front sont récentes. Dans ses témoignages accordés à la DW, Lassané ne peint pas tout en rose. Il reconnait des efforts dans l'organisation de l'armée mais des difficultés subsistent toujours.

Lassané Sawadogo est marié et père de sept enfants. C'est en octobre 2023 qu'il s'est enrôlé comme VDP, ou Volontaire pour la défense de la patrie, pour lutter contre les groupes armés terroristes.

Il dit s'être engagé pour comprendre la réalité sur les champs de combats. De retour du front, Lassané Sawadogo se réserve cependant de parler de la situation qu'il a vécue. "J'ai commencé la lutte avant l'arrivée de ce pouvoir. Notre lutte c'est de ramener l'intégrité du territoire Burkinabé aux Burkinabé et de travailler à prendre en compte les aspirations profondes du peuple Burkinabé", confie-t-il.

Une armée sous-équipée

Vêtu de son boubou et de son bonnet, calme et le regard qui en dit long sur sa détermination, Lassané regrette que les régimes précédents n'aient pas suffisamment agi dans l'équipement militaire de l'armée pour faire face aux groupes terroristes.

Il explique que "nous avons suggéré beaucoup de chose aux régimes passés qui n'ont pas été prises en compte. Dans l'armé burkinabé il y'avait un manque d'équipement militaire, de personnel et d'organisation interne de l'armée. Quand le président Ibrahim Traoré est venu, il a pris toutes ces aspirations en compte. Si je me suis engagé comme VDP, je me suis dit que nous voulons parler des problèmes de l'armée alors que nous n'avons pas les compétences et qu'est ce qui m'empêchait de m'enrôler ? C'est ce qui m'a motivé à le faire."

Mais le constat est que malgré les efforts fournis en armement et moyens mobiles, le Burkina Faso est toujours la cible des groupes armés terroristes. Bien que l'initiative de recruter des supplétifs soit saluée par une majorité de Burkinabé, certains se montrent tout de même critiques.

Des complicités avec les djihadistes

Des experts en sécurité s'interrogent toujours sur la moralité et l'engagement réel des enrôlés. Des complicités, oui, il en existe au sein des VDP puisqu'ayant été recrutés sous les régimes passés donc en contact avec certains anciens dignitaires du pouvoir raconte Lassané Sawadogo.

"Nous avons compris que les réalités du terrain sont contraires à ce qui est dit sur la place publique. Je prends un exemple des attaques que rencontrent nos forces de sécurité en général. Vous savez qu'aucune attaque ne peut se mener sans le renseignement, note-t-il. Que ce soit du côté ennemi et ami, la première des choses c'est d'avoir des informations nécessaires. Cela signifie que ces personnes aussi procèdent aussi de la même manière pour attaquer nos bases. Quand on parle de complicité cela veut dire que des gens ont peut-être communiqué des informations. Quand je suis revenu, j'ai compris qu'on a un travail à faire. C'est-à-dire sensibiliser à ne pas donner la position des forces de sécurité et leurs moyens."

Lassané Sawadogo dénonce aussi une autre pratique de la part de certains chefs militaires. "Figurez-vous que des chefs coupent des primes des VDP. Nous pensons que tout cela est démoralisant. Il y a beaucoup de choses. C'est militaire, on ne peut pas tout dire", assure-t-il.

Lassané Sawadogo regrette toutefois que de nombreux Burkinabé aient rejoints les mouvements terroristes pour, dit-il, saboter la vision du capitaine Ibrahim Traoré.

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