Ile Maurice: Le blues des jeunes policiers

Les messages de dénonciation du récent exercice de promotion dans la police continuent à nous parvenir. On nous a fait part d'un caporal qui est devenu sergent grâce à l'intervention d'un ministre «et pas du tout à cause de ses qualités». Pour preuve, dès sa promotion, il est devenu stressé et a ordonné à un jeunot de prendre une déposition à sa place, prétendant que c'est pour le bien de celui-ci et «qu'il faut apprendre le métier». Le jeune policier, qui a son Higher School Certificate et est très apte à l'informatique, a accepté et a pris la déposition en moins d'une demi-heure. Mais c'est le sergent qui a signé.

En fait, apprenons-nous, ce sergent, nouvellement promu, éprouve beaucoup de difficultés à prendre une déposition et la transcrire en anglais. Et lorsqu'il le fait, cela lui prend des heures, tout en demandant de l'aide autour de lui. Bien plus, il ne peut se servir d'un ordinateur. Le nouveau «major» tape au clavier avec un seul doigt, «l'index de la main droite», nous précise-t-on. «Dimounn ki fer depozision gagn somey divan li!» Pour se justifier, le sergent a peu après expliqué qu'il faut lui accorder un peu de temps pour se familiariser avec ses nouvelles responsabilités, surtout, avec l'ordinateur. «Lui, il apprend après sa promotion, et nous, nous apprenons avant, mais sans jamais être promus.»

Nous avons compris que le cas de ce sergent n'est pas le seul car il semble que presque tous les ministres et Parliamentary Private Secretaries envoient une liste pour la promotion non seulement de leurs Very Important Person Security Units (VIPSU), mais aussi de policiers qui habitent leur circonscription. «Cela fait un grand nombre de favorisés et laisse peu de place à ceux qui sont méritants», se désole notre interlocuteur. Beaucoup de ces pistonnés, nous dit-il, sont stressés et il y en a même qui prennent des congés maladie, «ce qui affecte le service». Les policiers qui doivent se taper le travail de ces sergents qui ne sont pas à la hauteur commencent à se plaindre et pensent à «aller voir ailleurs où leurs qualités seront reconnues». Il faut dire que beaucoup de ces jeunes font aussi des études supérieures, mais ils ne trouvent pas de débouchés, et encore moins de promotions au sein de la force policière. Sinon, ils sont condamnés à être des formateurs à titre gracieux de leurs nouveaux supérieurs.

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