La direction de Madagascar Airlines a présenté fin-mars 2024 un projet de plan de départs volontaires (PDV). La compagnie aérienne nationale est empêtrée dans des difficultés financières depuis plusieurs années. Une situation qui justifie ce PDV, selon le Directeur général Thierry de Bailleul. Détails.
À Madagascar, c'est un énième plan de sauvetage pour redresser Madagascar Airlines. En novembre 2023, le directeur général de la compagnie aérienne nationale, empêtrée dans des difficultés financières depuis des années, annonçait un plan de relance baptisé « Phoenix 2030 ».
Arrivé à la tête de l'entreprise en décembre 2022, Thierry de Bailleul imprime une nouvelle méthode de restructuration. Elle se veut en rupture totale avec les choix passés. Des mesures drastiques, comme un plan de départs volontaire (PDV) annoncé fin mars aux employés.
De tous les plans de relance qu'ait connu Madagascar Airlines, ce dernier est sans doute celui qui bouscule le plus les esprits, de l'aveu d'une source au sein de la compagnie.
800 employés pour deux avions en service
Cinq mois après son annonce, la direction, qui vise un retour à l'équilibre budgétaire en 2025, entend s'attaquer à la masse salariale marquée par un « sureffectif évident » : 800 employés pour seulement deux avions en service.
Thierry de Bailleul défend un mal nécessaire : « Faire tourner une compagnie aérienne avec si peu d'avions et une activité restreinte, même temporairement aux [vols] domestiques, ça n'est pas raisonnable de le faire avec 800 salariés. Il suffit de regarder les effectifs de compagnies équivalentes. La compagnie Tsaradia qui existait dans le temps avait par exemple moitié moins d'effectifs. »
L'activité de la compagnie a en effet été restructurée en novembre, avec la suspension jusqu'à nouvel ordre de tous ses vols long-courriers, trop coûteux, au profit de l'activité domestique. Pas d'autre choix dans ces conditions que d'ajuster le personnel, estime le directeur général, qui veut croire en des discussions consensuelles, sans imposer, pour l'heure, de départs. « Il faut que les volontaires se manifestent, insiste-t-il. Donc, ce n'est pas à moi de dire - en tout cas, pas à ce stade - quel est le nombre de volontaires qui doivent partir. C'est à eux, c'est aux salariés, de s'exprimer sur ce sujet, bien entendu ».
Lex-présidente du conseil d'administration vent debout contre la gestion actuelle de l'entreprise
La Banque mondiale, grand bailleur de fonds de l'île, s'est engagée à financer l'intégralité de ce plan de relance, estimé à 57 millions de dollars sur cinq ans.
Mais ces mesures s'accompagnent également de leur lot de critiques. En interne, Thierry de Bailleul doit composer avec la voix de Rinah Rakotomanga, ex-présidente du conseil d'administration de Madagascar Airlines, poste dont elle a démissionné en novembre. Sur les réseaux sociaux, cette dernière, qui continue de siéger au sein du conseil de l'entreprise au titre d'administratrice, s'oppose avec virulence à la gestion et aux choix stratégiques opérés par le directeur général.