Les Rencontres internationales des arts numériques d'Abidjan (Riana) 2024 se déroulent les 4 et 5 avril 2024 au Centre sportif, culturel et des TIC Ivoiro-Coréen Alassane Ouattara (Csticao) d'Abidjan. Cette 8e édition s'interroge sur l'intelligence artificielle et sa place dans l'art. Reportage.
Les tableaux de David-Josué Oyoua sont un mélange de photographies, d'images de synthèse et de peintures numériques avec, depuis peu, une touche d'intelligence artificielle. Comme dans ce tableau représentant une scène épique pendant la guerre du Woyowoyanko, qui a opposé Samory Touré aux colons français au XIXe siècle. « L'IA a été utilisée pour les figurants, pour la foule. Avant, c'était un peu difficile, parce que si je voulais faire cela, j'avais recours à la 3D, et c'était un long processus. Aujourd'hui, avec l'IA, c'est possible d'écrire ce que je veux dans un logiciel, et ça me génère une foule. Donc "text to image", "du texte à l'image." »
« Il s'agit juste d'un nouvel outil, au-delà du pinceau, de la caméra, de l'appareil photo »
Pour l'architecte logiciel et entrepreneur Jean-Patrick Ehouman, spécialiste de l'IA, l'enjeu n'est pas de la combattre, en craignant qu'elle ne finisse par remplacer les artistes, mais au contraire de placer l'intelligence artificielle générative au service de l'art. « Il s'agit juste d'un nouvel outil, au-delà du pinceau, de la caméra, de l'appareil photo... Dans le domaine de l'art, l'IA devient un outil très, très puissant, que ce soit dans les images, les photos bien entendu, la création audiovisuelle aussi... Cette année, l'IA générative nous permet de faire des vidéos, des films ! »
Des ateliers sur la création numérique et l'intelligence artificielle auront lieu toute la journée, de 9h à 18h.
Une des raisons pour lesquelles nous essayons de mettre en place ce genre d'événement, d'activités, c'est aussi pour que les Africains, les Noirs et les Ivoiriens surtout, puissent s'approprier tout ce qu'il y a autour de l'IA, tant au niveau technologique qu'au niveau de la création. Parce que tant que nous n'investissons pas ce domaine-là pour pouvoir faire également des choses qui puissent être marquantes, nous allons rester en arrière et ce sera toujours le regard des autres inventeurs, des ingénieurs et de tous ceux qui travaillent autour de l'IA, qui va s'imposer à nous. Or, nous devons nous aussi nous imposer sur ce domaine-là, pour pouvoir vraiment orienter aussi les choses, avoir davantage de représentations africaines, davantage d'inventions africaines. On a vu que pendant, par exemple, la Coupe d'Afrique des nations, on a eu plein de créations avec l'IA, des emblèmes de chaque pays qui ont été traités avec l'IA. C'est une façon pour les jeunes aujourd'hui de pouvoir s'approprier l'IA et de faire des créations.