Madagascar: Observatoire contre prosélytisme

L'avenue de l'Indépendance pavoisée aux symboles du ramadan musulman. J'ai déjà dit («Sanatria aoriana handatsa», Mamalan-kira du 31 janvier 2024) qu'il fallait du discernement dans le choix des partenaires et des partenariats. Faire par exemple attention que, derrière l'offre apparemment philanthropique d'offrir le repas aux cantines des EPP (écoles primaires publiques), ne se glisse l'imposition de repas halal par défaut. Que, contre une ambulance ou un camion des pompiers, on n'en vienne pas à devenir complice d'un prosélytisme dont le caractère relativement récent (une quinzaine d'années tout de même) indique l'apparition de nouveaux acteurs.

L'Islam de ces femmes, de plus en plus nombreuses, qui se promènent dans la Capitale sous la prison de leur voile intégral, n'est pas l'Islam de mes amis (compter des amis musulmans ne m'est pas précaution oratoire avant de critiquer certaines pratiques de l'Islam) qui ne suivent pas au pied de chaque lettre les injonctions religieuses et dont les épouses sont des femmes émancipées et indépendantes.

Je reprends le texte d'une précédente Chronique de septembre 2019 : «La philosophie acquise des leçons de 39-45 nous oblige à la tolérance. Mais, la tolérance n'exclut pas la vigilance. La question religieuse a récemment introduit de nouvelles lignes de fracture en raison du prosélytisme agressif de pays comme l'Arabie saoudite et de l'apparition d'un fanatisme islamiste qui ensanglante le Moyen-Orient, l'Afrique sahélienne, certaines villes européennes, voire une île aussi lointaine que le Sri Lanka (...) L'irruption de femmes en burqa et niqab, à l'aéroport d'Ivato comme dans les rues de la Capitale, ou de Musulmans à longue barbe et en robe de facture arabe dans les faubourgs de Brickaville, ne peut qu'interpeller quand on sait à quelle intolérance est associée ce rigorisme (...) La religion est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls religieux. La confiance n'exclut pas le contrôle et il est préjudiciable que l'administration malgache se prive d'un outil comme le recensement ethnique et religieux. Cet outil informe sur les changements qui s'opèrent dans une société et permet d'anticiper ou de réguler» («Le Ministère des Cultes est-il à jour ?»)».

Un curseur s'est déplacé quand la fermeture de l'Hôtel de France, sur l'avenue de l'Indépendance, a entraîné la disparition de son délicieux plateau de charcuteries pur porc. Un curseur a bougé quand de gros caractères arabes tapissent désormais les boîtes de médicaments qui nous parviennent. Un curseur s'affole quand je dois vérifier à bien acheter «La vache qui rit» importée des Pays-Bas plutôt que «La vache qui rit» halal qui nous vient de pays arabes. Combien de consommateurs, chrétiens, juifs, hindous ou bouddhistes, ne font pas nécessairement attention, tombant dans le piège du halal par défaut : tartelette turque, Kopiko indonésien, huile alimentaire, lait UHT, nouilles instantanées...

Certains intérêts musulmans (ou islamistes ?) ont leur cohérence propre en menant lobby. Mais, que le Ministère des cultes se prive d'un Observatoire de suivi participe dangereusement aux contradictions internes funestes du système.

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