Situé en plein coeur de Bangui, un immeuble en R+1 arbore fièrement des airs futuristes. Il est composé d'un centre de formation digitale tout équipé, disposant, entre autres, d'une imprimante 3D et permet à ses pensionnaires de pouvoir suivre des cours en ligne. Des équipements de haute qualité servent, par exemple, à faire des prototypes des inventions des jeunes pensionnaires.
« C'est un centre multi-usages et multi-compétences pouvant accueillir 50 auditeurs. Il est construit et entièrement équipé sur un financement de la Banque africaine de développement qui permet à la fois de rapprocher les professionnels et les apprenants et de renforcer les capacités des ressources humaines qui manquent à la République centrafricaine. Ce centre dispose de technologies de dernière génération et peut servir de salles de cours à distance, de salles de télémédecine et de télé enseignement », explique, avec beaucoup de fierté, Gauthier Guezewane, chargé de mission et expert technique de la composante centrafricaine du Projet dorsale à fibre optique d'Afrique centrale. « Ce projet est intégrateur, poursuit-il. Il permet de connecter la République centrafricaine au Cameroun et au Congo. Il comporte un important volet infrastructures qui a permis de construire le premier centre de formation digitale du pays afin d'initier les Centrafricains aux métiers du numérique et renforcer les capacités des ressources humaines qui manquent particulièrement dans ce domaine ».
Mis en oeuvre depuis 2018, le Projet dorsale à fibre optique d'Afrique centrale bénéficie de trois dons : 17 millions d'euros de l'Union européenne, 13 millions d'euros du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement et 4 millions d'euros de la Facilité d'appui à la transition de la Banque africaine de développement.
L'objectif du projet est de contribuer à l'émergence d'une véritable économie numérique en Centrafrique en mettant entre autres fin à l'isolement numérique du pays à la faveur des interconnexions optiques terrestres avec le Cameroun et le Congo voisin, d'améliorer l'offre de formation digitale ainsi que l'écosystème digital. Et cela grâce à la mise en place et à l'opérationnalisation de l'Agence centrafricaine de développement du digital, émanation de l'Unité de coordination de ce projet et bras exécutif du gouvernement dans l'exécution des stratégies sectorielle et thématiques entièrement élaborés dans le cadre de cette même opération.
À sa clôture en septembre 2023, le projet a permis d'installer la première dorsale optique nationale, un linéaire de 900 kilomètres de fibre optique avec onze sites techniques le long des liaisons du linéaire, un Centre des opérations du réseau à Bangui et deux centres communautaires numériques. Il a aussi produit un cadre stratégique du développement de la dorsale nationale à fibre optique et permis de mener des études sur le modèle de taxation du secteur du numérique en République centrafricaine, la promotion des services financiers digitaux et le système national d'identification digitale.
Certaines de ces études sont utilisées par les partenaires techniques financiers en Centrafrique pour le montage de nouveaux projets. C'est le cas de l'étude sur la promotion des services financiers digitaux, utilisée par la Banque mondiale pour le montage du projet qui appuiera la digitalisation des services techniques du ministère centrafricain des Finances et du Budget. L'étude sur l'élaboration du système national d'identification digitale est utilisée dans le montage du projet d'appui à la mise en place de l'identité digitale, financé par l'Union européenne.
Enfin, les travaux d'infrastructures à fibre optique ont contribué à créer des emplois pour 4 000 jeunes dans les communes traversées par la fibre optique. Par ailleurs, le projet créera directement ou indirectement de nombreux emplois pérennes dans le secteur grâce aux externalités positives du numérique dans les secteurs socioéconomiques du pays.
