Ile Maurice: Mauvais temps - Cafouillage et incompréhension débordent de partout

Les jours se suivent et se ressemblent dans le secteur éducatif. Encore une fois, hier, élèves, parents et corps enseignant se sont retrouvés dans une situation compliquée à cause du mauvais temps. Quels sont les protocoles qui sont mis en place pour un avis de fortes pluies qui arrive en cours de journée ? Est-ce que la météo devrait pouvoir prévoir les grosses pluies ? Autant de questions qui persistent...

Alors que tous les élèves de pré-primaire, primaire et secondaire étaient déjà dans l'enceinte de leur école hier matin, la station météorologique de Vacoas a émis, à neuf heures, un avis de fortes pluies à travers le pays. Dès lors, le ministère a officiellement expliqué que les classes étaient maintenues, mais que les parents qui le souhaitaient pouvaient récupérer leurs enfants au courant de la journée.

Selon le président de l'Union of Private Secondary Education Employees, Arvind Bhojun, il y a un protocole établi pour cette situation. Les précautions pour maintenir la sécurité des élèves sont réhaussées et les parents sont notifiés qu'ils peuvent venir les récupérer avant la fin des cours. «Mais c'est sûr qu'il y a des manquements au niveau de la météo et cela a un impact sur l'apprentissage des enfants. Il n'est pas normal de vivre dans un cafouillage permanent.» Il ajoute que le mauvais temps affecte aussi les élèves du privé où les assessments se font en continu. «Mais nous allons fort probablement devoir, dans certains cas, évaluer certains élèves sur des assessments qui ont été faits au début du trimestre et faire un pourcentage de leur travail...»

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Les vacances pas raccourcies

Du côté des collèges d'État, le président de l'United Deputy Rectors and Rectors Union, Harrish Reedoy, explique que s'il est vrai qu'en raison d'avis de fortes pluies, il n'y a en général pas d'école, au cas où les élèves y sont déjà, le même protocole que celui de l'avis de pluies torrentielles s'applique. Soit d'assurer que tous les élèves rentrent chez eux sains et saufs. «Une fois les cours finis, nous dirigeons les élèves vers les bus scolaires, ou attendons que les parents viennent les chercher. Mais nous ne les laissons pas partir vers l'arrêt d'autobus par eux-mêmes.» Harrish Reedoy, qui est aussi le recteur au collège d'État de Camp-de- Masque, précise qu'en cette dernière semaine d'école avant les vacances scolaires, il y a déjà un fort taux d'absentéisme. «Les examens sont déjà faits et à cause du mauvais temps qui prévaut depuis mardi, beaucoup ne viennent déjà plus à l'école.» Toujours est-il que les précautions sont prises pour ceux qui y sont et les parents ont été avertis qu'ils pouvaient venir les récupérer. «On ne peut pas les laisser rentrer chez eux avant la fin des cours car plusieurs parents travaillent. Ils seront alors livrés à eux-mêmes.»

Sur la possibilité que le ministère raccourcisse les congés scolaires comme cela a été le cas l'année dernière à cause des jours perdus pour cause de mauvais temps, Harrish Reedoy dit que ce n'est pas le cas. Il y a eu une réunion avec le ministère en ce sens, mais pour ce qui est du premier trimestre, il est déjà trop tard pour le faire. En sus de cela, les enseignants ont pu couvrir le syllabus car il y a eu l'apprentissage en ligne certains jours. «On verra au second trimestre si le besoin se fait sentir.»

Prévisions vs constats

Concernant le manque de prévision de la part de la météo et ce qui ne fonctionne pas correctement, l'ancien directeur de la météo, Subiraj Sok Appadu, dit qu'il est difficile de se prononcer sur le sujet car il ne sait pas quel protocole a été mis en place par la station concernant le temps. «Mais une chose est sûre, à l'époque, nous privilégions les prévisions du temps dès tôt le matin et nous ne faisions pas de constats comme maintenant, qui prend de court bon nombre de personnes. Encore une fois, je parle de mon temps, soit jusqu'à la fin de 2007 environ...»

Depuis hier, les témoignages fusent, à l'instar de Claudia. «Vu la pluviométrie de la nuit et du matin, j'ai décidé de plein gré de ne pas envoyer mon enfant à l'école car je devais assurer sa sécurité en tant que parent, les décisions du service météo étant abruptes et imprévisibles.» Un autre parent explique : «Il est préoccupant de voir que lorsque les enfants sont déjà sortis pour aller à l'école et qu'ils sont trempés sous la pluie, ils émettent un avis de fortes pluies. Je juge bon de laisser mon enfant à l'école pendant que je suis au travail parce qu'il y est plus en sécurité, et que je ne peux pas me libérer pour aller le récupérer et retourner au travail» Pour beaucoup, les images du passage du cyclone Belal sont encore vives.

«Il ne faut absolument pas commettre l'erreur de laisser partir les enfants plus tôt, tout comme les employés ont été libérés lors du passage du cyclone Belal. Ils étaient plus en sécurité dans leurs bureaux et si des décisions avaient été prises à temps, il n'y aurait pas eu mort d'homme. Une veille de fortes pluies est censée aider les services météorologiques à prévoir l'intensité des pluies pour les heures à venir. S'ils n'ont pas pu prévoir que la pluie allait s'intensifier à neuf heures, ki zot veyé? Kan zanfan fini al lekol, lerla zot somey kasé.»

S.A., lui, témoigne : «Étant moi-même enseignant, j'ai décidé de ne pas envoyer mes deux enfants à l'école compte tenu du temps depuis le matin. Néanmoins, je suis allé à mon travail. Le pire, c'est de voir mes propres élèves arriver en classe, complètement trempés. Ena zanfan finn mem glisé lor trotwar, finn tonbé kan zot ti pé vini. Nous avons fait de notre mieux pour les aider. S'ils avaient émis cet avis plus tôt, la population aurait mieux planifié. N'ont-ils pas constaté que depuis la veille, certaines régions étaient déjà inondées ?» Même son de cloche chez Z.H., éducatrice dans un collège privé, qui avait déjà rejoint son établissement à 8 h 30 pour organiser des activités pédagogiques lorsque l'alerte de forte pluie a été émise une demiheure plus tard.

«C'est stressant de devoir faire face aux conséquences de telles décisions. Nous avons dû attendre un bon moment avant que des instructions claires ne nous soient communiquées sur ce qu'il fallait faire. Pendant ce temps, les élèves étaient confus, ce qui a créé des inquiétudes. Les activités éducatives se poursuivent et les enfants sont plus en sécurité à l'école que laissés à eux-mêmes dans un moyen de transport pour rentrer chez eux. Les autorités éducatives s'appuient sur la décision des services météorologiques et agissent en conséquence. Il semble qu'il y ait un manque de cohérence dans la prise de décision, ce qui entraîne un tel bouleversement à chaque fois.»

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